À Madagascar, les circoncisions sont pratiquées exclusivement pendant la période froide puisqu'elle permet de mieux cicatriser. Passage obligé pour la majorité des jeunes garçons, la coutume est encore suivie de nos jours sur l'île. Les traditions qui entourent ce rite subsistent, mais, dans la capitale, de plus en plus de parents se tournent aujourd'hui vers la médecine moderne.
Il est 4h30 du matin devant le cabinet médical d'Andavamamba, quartier populaire d'Antananarivo. Les pleurs des jeunes garçons tout juste circoncis se mêlent à l'explosion de joie des familles. Juste à côté, Raymond, son enfant de trois ans au bras, attend encore son tour, sereinement : « Ce médecin-là pratique une méthode à l'américaine. Je suis rassuré, car par rapport aux méthodes traditionnelles, ça ne saigne pas et surtout ça cicatrise très vite ! »
Le docteur Paquerette, médecin du quartier, s'avance justement dans la petite salle d'opération, blouse blanche ajustée. Avec une anesthésie locale et des outils dédiés, ici tout est fait pour éviter la douleur et les complications.
Cependant, la tradition originelle, qui consiste à faire saigner l'enfant lors de la circoncision, a toujours son importance chez certains. « Des parents m'ont demandé, ce matin, de faire saigner leur enfant. J'ai coupé son prépuce, on a attendu qu'il y ait un peu de sang versé, mais après, j'ai tout fait pour que ça s'arrête avant qu'ils ne quittent mon cabinet, car une hémorragie peut tuer l'enfant », explique le docteur Paquerette.
Une vingtaine d'enfants sont circoncis, un à un, sous l'oeil des familles rassurées par les conditions d'opération. Tantely est lui venu soutenir son neveu : « On va maintenant ramener le prépuce à la maison. Et selon la tradition malgache, c'est le grand-père qui va le manger, avec un morceau de banane. Et puis, on va faire la fête ! »
Le jour n'est pas encore levé. Les familles quittent le cabinet au son des jouets faits pour distraire et consoler encore un peu les jeunes garçons devenus hommes.