Dans interview accordée à VOA Afrique, le 22 juillet 2024, Alioune Sall a partagé ses réflexions sur la décision du président Joe Biden de ne pas briguer un second mandat, un choix qu'il dit avoir fait dans l'intérêt de son parti et de son pays, pour se concentrer uniquement sur l'exercice de ses fonctions de président jusqu'à la fin de son mandat. Pour Sall, cette décision est empreinte de sagesse, surtout compte tenu du poids écrasant des responsabilités présidentielles.
En renonçant à un second mandat, Biden montre une compréhension profonde de la nécessité de préparer la relève démocratique et de permettre à de nouveaux leaders de prendre les rênes des États-Unis. Cette décision, selon Sall, garantit non seulement la stabilité du pays, mais aussi l'efficacité de sa gestion.
Kamala Harris, un choix judicieux
En choisissant Kamala Harris comme vice-présidente, Biden a également démontré un engagement envers l'inclusion et la diversité. Harris, première femme afro-américaine à occuper ce poste, a prouvé ses compétences tant au niveau national qu'international.
"C'est une bonne décision vu le profil de Kamala Harris, sénatrice, procureur, mais également vu ses compétences qu'elle a démontrées au niveau national et international," affirme Sall.
Sa nomination envoie un message fort sur l'égalité des droits et le potentiel des minorités à contribuer de manière significative à la gouvernance. "C'est une bonne nouvelle pour la démocratie américaine, mais c'est également un crédit aux minorités," ajoute-t-il.
Le départ de Biden, des leçons pour l'Afrique
Interrogé sur les leçons que les présidents africains peuvent tirer de cette décision, Sall n'a pas manqué de souligner l'importance de la sagesse et de la préparation de la relève. En Afrique, où plusieurs chefs d'État s'accrochent au pouvoir par des moyens constitutionnels ou militaires, l'exemple de Biden résonne comme un appel à la raison.
M. Sall cite l'exemple du Cameroun, où le président est en poste depuis plus de 39 ans et cherche encore à prolonger son mandat. "Comme vous le savez, en Afrique, il y a plusieurs chefs d'État qui s'agrippent au pouvoir, qui font des coups d'État à la loi constitutionnelle ou bien des coups d'État militaires," dit l'acteur de la société civile sénégalaise.
Pour Alioune Sall, la sagesse réside dans la capacité à céder le pouvoir à un moment approprié, permettant ainsi une transition démocratique et la montée de jeunes leaders. "Il ne sert à rien de sacrifier sous les rênes du pouvoir, il faut donner le témoin aux jeunes leaders, ça permet une relève générationnelle," exhorte-t-il.
Alioune Sall salue la stabilité démocratique du Sénégal, un pays qui n'a pas connu de coups d'État et qui continue de montrer l'exemple en matière de transition pacifique du pouvoir.
"Heureusement, au Sénégal, nous avons cette transition démocratique et nous faisons partie des rares pays où il n'y a pas de coup d'État," note-t-il fièrement.
En définitive, Alioune Sall voit dans la décision de Joe Biden un modèle de sagesse politique et une leçon précieuse pour les dirigeants africains. Il rappelle que la démocratie et la stabilité passent par la capacité des leaders à préparer la relève et à faire preuve de discernement dans l'exercice du pouvoir. "C'est une belle leçon pour tous ces chefs d'État africains," conclut-il.