Les réactions des Camerounais, des membres de la société civile et de la classe politique vont à l'encontre de l'arrêté du préfet du département du Mfoundi, Emmanuel Mariel Djikdent, selon lequel les personnes qui vont outrager le président Paul Biya seront frappées d'une interdiction de séjour sur toute l'étendue du département, pour une durée déterminée.
Certains Camerounais, à l'instar de Jean Jacques Meka, un jeune entrepreneur, fustigent la décision du préfet du département du Mfoundi. "En tant que citoyen, je trouve ça très mal placé, on a l'impression que c'est une mesure dictatoriale," confie ce jeune, ajoutant : "Faire de la politique c'est aussi accepter d'avoir des adversaires qui ont aussi un autre son de cloche."
Violation de la loi
Dans une déclaration rendue publique le 19 juillet, une dizaine d'organisations de la société civile de l'Afrique centrale réunie au sein du mouvement Action 237, dénonce la restriction de l'espace civique au Cameroun. « Il faut dire à monsieur le préfet que nous sommes en république et en république on a choisi de s'adosser à ce qu'on appelle la démocratie", rappelle Hilaire Kamga l'un des signataires.
Ce dernier, par ailleurs porte-parole de la Plateforme de la société civile pour la démocratie explique, "qu'il n'y a qu'un seul législateur qui existe dans un état de droit, l'autorité administrative n'a aucune compétence pour produire la législation."
Les avocats montent au créneau
Le conseil des avocats du barreau de l'ordre du Cameroun, par la voix de son président Mbah Éric Mbah, a invité le préfet du département du Mfoundi à suspendre son arrêté, "qui relève d'une époque révolue et est susceptible de donner une image dégradée de notre pays auprès de nos partenaires internationaux."
"La mesure d'interdiction de séjour dans le département du Mfoundi n'est qu'une mesure conservatoire, elle ne vise personne puisque comme vous savez un arrêté est un acte règlementaire. Jusqu'ici personne n'est interdit de séjour dans le département", se défend Emmanuel Mariel Djikdent.
"Nous pensons que cette mesure n'est qu'un rappel, une mise en garde, car nous sommes garants de l'ordre public dans notre département", ajoute-t-il.
Pour sa part, le syndicat national des journalistes du Cameroun a demandé aux médias du département du Mfoundi "de ne pas céder à l'intimidation du préfet".