Madagascar: Commerce extérieur - Baisse de moins 29% des exportations au premier semestre 2024

Le secteur des exportations de Madagascar est au plus mal. Une situation qui impacte les recettes douanières.

Sur ces trois dernières années, le volume des exportations a connu une baisse inquiétante. Les dernières statistiques font état de 5 448,6 milliards ariary de recettes d'exportation au premier semestre 2024.

Vanille.

Un net recul est ainsi constaté puisque sur les premiers semestres 2022 et 2023, les recettes d'exportation étaient respectivement de 8 514,9 milliards d'ariary et 7 739,9 milliards d'ariary. En une année sur la même période du premier semestre, les exportations ont ainsi baissé de -29%. Dans sa dernière note de conjoncture, la Banky Foiben'i Madagasikara explique cette variation par la baisse des exportations des produits phares.

À commencer par la vanille qui n'arrive toujours pas à se relever de la crise consécutive à l'application d'un prix plancher de 250 dollars à l'exportation, puis l'abandon presque total de cette politique dirigiste, pour une libéralisation presque totale. Selon la Banque Centrale, la valeur de la « vanille » exportée a fléchi de 63,5% en raison de la baisse de 81,3% du prix, même si la quantité a rebondi de 95,0%.

Les autres produits d'exportation sont également en crise. C'est le cas notamment pour le nickel dont les exportations ont ralenti de 64,0%, au premier trimestre 2024. Ce recul s'explique par les baisses du volume exporté et du prix moyen, respectivement de 38,4% et de 41,6%. Les exportations sous le régime de la « zone franche » ont également diminué de 11,2% à la suite des baisses du volume exporté de 9,5% et du prix moyen de 1,8%.

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Les recettes de « cobalt » se sont contractées de 24,0%, en raison de la dégradation du prix moyen de 29,5%, malgré la hausse du volume expédié de 7,9%. Les exportations de « girofle » ont diminué de 9,0%, expliquées par la réduction du volume de 8,0%, et celle du prix de 1,2%.

Modéré.

En ce qui concerne les perspectives, la Banque Centrale parle d'un redressement à « un rythme modéré » pour la vanille, une filière qui traverse une campagne qualifiée d'inédite, par les observateurs. Inédite car si d'un côté, le volume exporté a bondi d'une manière exponentielle, les prix quant à eux affichent une grave tendance à la baisse.

En effet, en seulement six mois, la Grande île qui détient toujours son statut de leader mondial a exporté 3 000 tonnes de vanille selon les chiffres arrêtés en juin 2024. En ce qui concerne les prix, c'est le désordre total puisque pour la vanille de basse qualité, la valeur peut descendre jusqu'à 40 dollars selon certains exportateurs. Pire, des exportateurs proposent des offres à 22 dollars le kilo.

Ce qui, aux yeux des exportateurs réguliers, est impossible sauf si ceux qui pratiquent un tel prix s'adonnent à du blanchiment d'argent. En effet, le coût de revient de la vanille préparée à l'exportation est de 33,5 dollars. Le mince espoir pour un avenir meilleur de la vanille résiderait dans la catégorie premium dont les prix sont au-dessus des 100 dollars, selon certaines sources.

Ce qui est évidemment encore loin des 250 dollars fixés par le ministère de l'Industrie et du Commerce en 2020, puis abandonnés en mai 2023. Le poids de la vanille premium est d'autant plus limité puisqu'elle représente moins de 15% du marché.

Recettes douanières.

Les perspectives ne sont également pas bonnes pour le nickel et le cobalt dont les exportations reculeraient en raison de l'excès de l'offre sur le marché international et de la baisse des prix des batteries pour les voitures électriques. La filière qui permettrait au pays de limiter les dégâts est probablement le tourisme, dont la performance devrait s'améliorer en raison de la renommée croissante de la destination Madagascar.

La Banque Centrale estime cependant, dans sa dernière note de conjoncture que « la performance au niveau du secteur tourisme continuerait, mais demeurerait tributaire de nombreux facteurs, comme la majoration récente des prix des billets d'avion ». Dans tous les cas, cette mauvaise performance des exportations aura inévitablement des conséquences sur les recettes douanières. Selon les statistiques de l'administration douanière, les recettes collectées au premier semestre 2024 sont de 1 728,8 milliards d'ariary.

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