« Chacun d'entre nous doit accepter que l'albinisme est une réalité et non une fatalité. Toutes les personnes atteintes d'albinisme méritent notre respect ». Ces paroles sont de Patrice Vahard, directeur du Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l'Homme (BCNUDH). C'était à l'occasion d'échanges, sous la facilitation du ministère congolais en charge des personnes vulnérables, avec une quarantaine de personnes vivant avec l'albinisme, les 3 et 4 juillet 2024 à Kinshasa, en République démocratique du Congo (RDC). L'objectif était de les doter d'outils utiles pour lutter contre les discriminations et les abus dont elles sont victimes ainsi que pour faire valoir efficacement leurs droits.
Les participants ont appris des techniques de plaidoyer et de sensibilisation, ainsi que des stratégies pour faciliter leur véritable inclusion sociale. Les sessions ont également couvert les aspects juridiques relatifs aux droits des personnes atteintes d'albinisme, leur offrant ainsi des outils pour mieux s'affirmer. En outre, ils ont échangé leurs expériences et développé des réseaux de soutien mutuel.
Les participants ont renouvelé leur confiance en eux et se sont engagés à encourager les personnes confrontées à la discrimination liée à leur situation d'albinisme et à faire face. « La seule différence que nous ayons avec les personnes non-atteintes d'albinisme, c'est la couleur de la peau, et c'est tout. En conséquence, nous avons les mêmes obligations et les mêmes droits », confie Djo Katumba, président de l'association Albi-black, une organisation de défense des droits des personnes atteintes d'albinisme. Pour lui, cette prise de conscience est essentielle pour briser les préjugés et favoriser une société plus inclusive. « En partageant nos histoires et en travaillant ensemble, nous pouvons démontrer que l'albinisme n'est pas un obstacle à la réussite ou à l'intégration. Au contraire, il fait partie de ce qui nous rend uniques et précieux », affirme-t-il.
La détermination de Djo est comparable à celle de Marie-France Tshiapakatshi, une militante engagée pour les droits des personnes handicapées. Marie-France a dédié sa vie à la promotion de l'inclusion et de l'égalité des droits pour les personnes handicapées, en mettant en lumière les défis spécifiques auxquels elles sont confrontées, notamment les personnes atteintes d'albinisme, comme elle-même. Cette formation a encore renforcé sa détermination. « Nous avons désormais les outils nécessaires pour continuer notre combat pour une vie normale, comme n'importe quel autre individu », confie-t-elle.
Le gouvernement congolais a fait d'énormes progrès en matière d'inclusion des personnes atteintes d'albinisme. Cependant, il reste encore du chemin à parcourir. La stigmatisation constitue toujours un frein à leur éclosion sociale, malgré leurs nombreux talents et les compétences qu'ils peuvent apporter à l'édification de la nation. Cette rencontre, s'ajoutant à de nombreuses autres actions, permettra de mettre en avant des exemples positifs d'inclusion dans les familles, les communautés et les écoles pour ces personnes qui « ne demandent pas la charité, mais une égalité des chances pour démontrer leur potentiel et contribuer au développement, à la paix et à la stabilité du pays », a conclu Patrice Vahard, directeur du BCNUDH.