De petits groupes de jeunes en Ouganda ont bravé ce 23 juillet 2024 une interdiction de manifester malgré de nombreux barrages de la police anti-émeute massivement déployée dans la capitale Kampala et malgré l'arrestation de plusieurs figures du mouvement selon un de leurs avocats.
En Ouganda, la manifestation « March to Parliament » - marcher vers le Parlement - a commencé ce mardi matin dans les rues de Kampala. Plusieurs centaines de manifestants, à l'appel d'un collectif de jeunes, tentent d'atteindre le site pour protester contre la corruption dans le pays. Une manifestation interdite.
Un important dispositif policier a d'ailleurs été déployé dès lundi. Et il y a déjà eu de nombreuses arrestations : trois députés du principal parti d'opposition, le National Unity Platform, ont été placés en détention provisoire le 22 juillet.
Ce parti politique de Bobi Wine a apporté son soutien à ce mouvement de jeunes qui a pris forme sur les réseaux sociaux, autour du mot-dièse #StopCorruption : « Arrêtez la corruption ».
Des jeunes accusent le président de protéger une classe politique corrompue
Le 20 juillet, le président du pays, Yoweri Museveni, a mis en garde les manifestants, leur disant qu'ils jouent avec le feu. Et tôt ce matin, des barrages ont été érigés un peu partout en ville par des agents en tenues anti-émeutes, pour empêcher ces groupes de jeunes de se rassembler.
Un manifestant de 23 ans, joint ce matin par téléphone, explique au micro d'Alexandra Brangeon : « C'était vers 10h, nous étions en train de marcher sur Nkrumah Road [une artère de Kampala, NDLR] pour aller vers le Parlement, quand la police militaire nous a interceptés. Nous étions une trentaine. Certains ont réussi à s'enfuir. Mais une quinzaine, dont une de mes amies, ont été arrêtés. Ils ont été mis dans un camion et emmené on ne sait pas où. On essaye de les retrouver. »
Cette colère des jeunes Ougandais a été déclenchée par la multiplication d'affaires de corruption ces derniers mois, impliquant des hauts fonctionnaires, des membres du gouvernement, notamment la présidente du Parlement, Anita Among, accusée de détournement d'argent public et qui, d'ailleurs, est sous sanctions américaines. Les jeunes accusent le président Museveni - en poste depuis 37 ans - de protéger cette classe politique corrompue.