Ile Maurice: Jean Anaël Leopold - La folle traversée d'un passionné de kitesurf

Ce sera un énorme défi, le plus grand qu'il ait jamais entrepris. Et pourtant, Jean Anaël Leopold, surnommé Lolotte, affiche le sourire. Il faut dire qu'il dispose de plusieurs atouts, mais son expérience et son amour pour le kitesurf sont ses plus grands.

Le 3 octobre, il prévoit de réaliser la traversée Maurice-Réunion, soit 170 km sur son kite, et de tenter de battre le record de Sébastien Coupy réalisé en 2010. En tout cas, Lolotte ne craint rien !

Cela fait déjà plusieurs années qu'il est connu sous ce surnom : Lolotte. «Ce nom vient d'un vieil ivrogne qui habitait à Rodrigues. Quand j'étais encore très jeune, le club avec lequel j'ai débuté le kitesurf m'a emmené camper. Pendant que les plus âgés buvaient en soirée, je me suis endormi en les écoutant. Plus tard, ils m'ont réveillé en m'appelant Lolotte et, depuis, ce surnom est resté.» Il a redonné une nouvelle vie à ce prénom particulier en devenant un champion hors pair.

Amoureux de l'océan depuis l'âge de huit ans, il a d'abord pratiqué la planche à voile. «J'habitais sur la plage de Mourouk à Rodrigues et je suis toujours resté très lié à la mer.» Un an après avoir commencé à dompter les vagues, il s'est essayé au kitesurf et cela a été le coup de foudre. Depuis, il ne quitte plus sa planche.

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Les compétitions, il ne les compte plus ; il en a fait tellement. Perfectionniste et déterminé, il ne se laisse jamais distraire. Ainsi, il a remporté le titre de champion de kitesurf à Maurice, puis à Rodrigues. La Réunion, Madagascar et les Seychelles lui ont permis de devenir champion d'Afrique. «Le kite me permet de m'exprimer pleinement. Il y a la sensation de vitesse sur la planche, ainsi que l'ivresse du freestyle. Je peux essayer toutes sortes de figures et même en inventer certaines. Grâce au kite, le passionné que je suis peut profiter de la mer, affronter la nature, le vent, le soleil et les vagues.» Tout un programme qu'il partage avec ceux qui viennent rechercher des sensations à son club de kite à Rodrigues. «J'ai une équipe de sept moniteurs qui travaillent avec moi. Ainsi, ma passion est aussi mon gagne-pain.»

Aujourd'hui, une tout autre aventure l'attend. En effet, le 3 octobre, il prévoit de rallier Le Morne à Ste-Rose, à La Réunion. «Ce n'est pas seulement une traversée pour moi ; il y a une histoire derrière.» Il souhaite sensibiliser le monde à la protection de l'océan, de ses habitants et de ses coraux. «J'envisage également d'entrer dans le livre Guinness des records et ce serait la plus belle compétition de ma carrière. J'ai cette envie d'aller encore plus haut. J'espère aussi qu'à travers cette traversée, je pourrais promouvoir cette discipline, notamment auprès des jeunes, afin de les éloigner de fléaux qui ne peuvent que leur nuire. C'est un combat pour devenir un bon kitesurfeur.»

Sa préparation se déroule pour le moment sans accroc. Il faut savoir que depuis 2017, il envisageait de réaliser une telle traversée. «Je m'entraîne depuis cette époque pour concrétiser ce rêve.» Au début, il était seul, mais il s'est finalement entouré d'une équipe soudée, prête à tout pour l'aider. «Du côté de l'alimentation, je suis suivi par des spécialistes à Côte-d'Or. Tous les jours, je m'entraîne à Rodrigues, d'autant plus que nous avons un grand lagon.» À Maurice, il peut compter sur le soutien de Christopher Corneille. Ce dernier, également passionné de kitesurf, a déjà effectué la traversée entre les îles soeurs en bateau à deux reprises. «Il sait comment s'y prendre, surtout qu'il a de l'expérience en voile. Nous naviguons ensemble en haute mer.» Toutefois, ce périple exige un mental d'acier. «Je serai seul sur ma planche, à 300 mètres de profondeur, durant ces 170 km.»

Il peut aussi compter sur le soutien du Réunionnais Johan Balloo. Ce dernier fait également partie de l'équipe discrète qui agit derrière Jean Anaël Leopold. «Cette aventure unique vise non seulement à repousser les limites sportives, mais aussi à promouvoir les magnifiques paysages et les cultures des deux îles. Les échanges culturels, linguistiques et commerciaux ont toujours été intenses, favorisés par leur situation géographique et leur passé partagé, bien que chaque île ait développé une identité nationale distincte. L'idée est de mettre en avant ces deux joyaux insulaires qui sont le coeur de l'océan Indien», explique Johan Balloo.

Le but de cette expérience est également d'encourager les jeunes à s'engager dans des activités sportives et à découvrir les sports nautiques. «Notre ONG, Coral Garden Conservation, présidée par Gilbert Ricot, qui a été premier runner-up au ministère de l'Économie bleue cette année, reversera une somme importante à la restauration des coraux. L'ONG bénéficie du soutien de l'étranger, comme celui de l'ambassade des États-Unis et de l'ambassade du Japon. Je suis très fier de pouvoir porter le projet à une autre dimension.» En tout cas, les yeux seront rivés sur le jeune Rodriguais le 3 octobre.

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