Plusieurs opérateurs locaux travaillant dans le secteur du cacao à Beni (Nord-Kivu) ont abandonné leurs activités à cause du manque à gagner dû à l'instabilité du prix de ce produit sur le marché depuis quelques mois, rapportent des sources locales.
Selon ces sources, sur le marché local, le prix d'un kilo de cacao se négocie actuellement entre 7 et 8 dollars américains. Ce prix n'offre qu'une faible marge de bénéfice, ce qui constituent, l'une des causes de la faillite de ces commerçants, expliquent les mêmes sources.
Cette situation qui date de quelques mois déjà, renvoie de nombreuses mains d'oeuvre au chômage. Plusieurs dépôts de cacao dans la ville de Beni ne sont plus opérationnels. En dehors des entrepôts officiels de grandes sociétés d'achat, seuls quelques rares dépôts privés sont encore fonctionnels, mais ils ont réduit le nombre d'ouvriers, faute d'activités.
De nombreux opérateurs économiques disent avoir perdu leurs capitaux dans ce secteur à cause de l'instabilité des prix.
C'est le cas de Marie (prénom d'emprunt), une acheteuse locale qui a requis l'anonymat. Elle affirme avoir abandonné le commerce du cacao craignant de tout perdre : « Vous vous réveillez un matin et puis il y a baisse du prix, pendant que vous avez de la marchandise au dépôt que vous avez chèrement acquis. Il y a vraiment des conséquences, parce que c'est de l'argent perdu. C'est ainsi moi par exemple, je me suis décidée de tout arrêter, afin de protéger le peu qui me reste, car c'est devenu un jeu du hasard, le prix n'est pas stable ».
Elle ajoute que ce manque à gagner ne leur facilite ni l'achat ni le stockage, moins encore l'exportation, car chaque entreprise propose son propre prix. « Ici il y a des grandes sociétés comme Esco, Skak, Virunga et autres. Chez eux, il y a la différence de prix, et tout dépend de la quantité que tu leur proposes. Si tu as deux ou trois tonnes, on te les achète à 7.8 dollars », explique Marie.
A ce prix, le gain par kilos de cacao vendu, varie entre de 0.1 ou 0.2 dollars, soit moins de 1000 francs congolais par kilos. « C'est vraiment compliqué », avoue-t-elle désabusée.
Toutes les tentatives de Radio Okapi pour avoir la réaction de la direction locale de l'Office national des produits agricoles du Congo, ONAPAC, n'ont pas abouti. C'est ce service de l'Etat qui gère le secteur du cacao.