L'enlèvement, le 9 juillet dernier, de deux leaders du Front national pour la défense de la Constitution (FVDC) que sont Foniké Mengué et Mamadou Billo Bah, n'en finit pas de faire des vagues aussi bien en Guinée qu'au-delà des frontières du pays.
En effet, après la manif organisée le week-end écoulé par la diaspora guinéenne en France pour interpeller la junte militaire au pouvoir à Conakry, un autre pas vient d'être franchi. Car, le chef de la junte, Mamadi Doumbouya, est désormais dans le collimateur de la Justice française qui a été saisie par les épouses des deux «infortunés » par le biais de leurs avocats.
Pour ces derniers, les éléments de preuve annexés à la plainte « sont de nature à convaincre de la responsabilité de la junte » dirigée par le tombeur d'Alpha Condé. Cela dit, quel impact positif la saisine de la Justice française peut-elle avoir sur le sort de Foniké Mengué et son compagnon d'infortune dont on dit qu'ils ont été maltraités et brutalisés ? Pourquoi la plainte à Paris et non à Conakry ?
A cette dernière question, un cadre du FNDC estime qu'une telle procédure serait « inutile » en Guinée où la Justice, dit-il, est « instrumentalisée, chosifiée, personnalisée et à la solde de la junte ». Pour une réponse claire et sans ambage, c'en est une. Car, on voit mal, au regard du contexte actuel en Guinée, un juge avoir l'audace de rappeler à l'ordre le président Doumbouya sans s'exposer à des risques de représailles de la part de sa hiérarchie.
Mamadi Doumbouya doit savoir désormais où mettre les pieds
Il ne faut pas se faire d'illusions. La Guinée n'est pas la France où la Justice dispose d'un peu plus de marges de manoeuvre même si là aussi, on reconnaît que l'immixtion du politique limite souvent son action.
On se rappelle encore le cas de l'ex-président de l'Assemblée nationale de la Côte d'Ivoire, Guillaume Soro, visé par un mandat d'amener qui avait, in extremis, été sauvé par l'Exécutif au moment où les forces de police et de gendarmerie étaient à ses trousses sur le sol français. N'est-ce pas déjà une forme d'affranchissement de la part de la Justice française que d'ordonner l'arrestation d'un officiel étranger, qui plus est, était en voyage officiel en France ?
En tout cas, une chose est sûre. Mamadi Doumbouya, avec cette plainte pour « disparition forcée », doit se faire du mouron. Il doit savoir désormais où mettre les pieds au risque de se faire alpaguer tel un malpropre. Surtout qu'il dispose de la nationalité française qui fait de lui, un justiciable en France.
A moins que prenant toute la mesure de la situation, il décide de libérer les deux cadres du FNDC dont les familles disent n'avoir aucune nouvelle ; le parquet général ayant, la semaine dernière, déclaré qu'il n'y est pour rien dans cette affaire. Doumbouya est-il capable d'un tel supplément d'âme ? Question à plusieurs inconnues.