Rien que pour le compte de la première partie de cette année 2024, la section Genre de la MONUSCO a enregistré quatre cas de femmes victimes de violences conjugales, trois cas de viols sur mineures, et plus de 10 autres de femmes victimes de cyberharcèlement et de cyberviolence. Et ça, c'est juste pour celles qui ont osé en parler. Le tableau est bien plus sombre qu'il n'y paraît. C'est pour remédier à cette situation que cette section a appuyé le mouvement féministe Biso Basi Telema dans l'organisation, vendredi 12 juillet 2024 à Kinshasa, en République démocratique du Congo (RDC), d'un talk-show sur la violence faite aux femmes.
Autour de la thématique « Tous unis contre les violences faites aux femmes », divers acteurs de la société civile, hommes et femmes, ont souligné l'importance de lutter contre toutes les formes de violences dirigées envers les femmes, notamment les violences conjugales, numériques et professionnelles, la cyberviolence, mais aussi les violences liées aux conflits, notamment dans l'est de la RDC.
La résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies est basée sur quatre piliers fondamentaux : protection, participation, prévention et relèvement. Ces principes guident les actions de la section en charge du Genre de la MONUSCO en faveur de la lutte contre les violences faites aux femmes. Elle s'était déjà investie auprès de Biso Basi Telema dans l'organisation de plusieurs activités d'impact, notamment la sensibilisation des femmes maraîchères de Kinshasa concernant leurs droits, la formation des femmes politiques et de la société civile sur « la sécurité numérique, comme mesure préventive pour lutter contre le cyber harcèlement ». « Notre soutien vise réellement à amplifier la voix des femmes, à leur permettre de participer pleinement et à dénoncer toutes les formes de violences qu'elles subissent », déclare Nathalie Traoré, de la section Genre à la MONUSCO.
Complémentarité entre hommes et femmes pour une solution efficace
Les débats ont mis l'accent sur l'amélioration des relations entre les hommes et les femmes, pour garantir un accès équitable aux ressources. La culture de la masculinité positive est aussi souhaitée dans la société, car elle permet aux hommes de contribuer significativement aux initiatives visant à défendre les droits des femmes et à combattre les violences basées sur le genre. C'est dans ce cadre que Michael Mazambi, activiste pour les droits des femmes et des enfants, et responsable de l'association "Face à l'enfant", collabore avec Biso Basi Telema. Pour lui, il est important de parler des violences subies par les femmes et d'en informer la société. « La connaissance des lois portant sur les violences faites aux femmes permet à celles-ci de se défendre efficacement », explique-t-il, avant de demander aux hommes « d'accompagner les femmes, en respectant leurs droits ».
Cet événement a réaffirmé l'importance de la sensibilisation et de l'action collective pour combattre les violences faites aux femmes. « Il est crucial de se concentrer sur les situations de vulnérabilité accrue des femmes, notamment dans les provinces de l'Ituri et du Nord-Kivu en RDC. En travaillant ensemble, hommes et femmes peuvent créer une société plus juste et équitable où chacun a la possibilité de s'épanouir, sans crainte de violences », explique davantage Nathalie Traoré.
Ingrid Mujala, activiste engagée au sein de "Biso Basi Telema", a souligné l'importance de former les femmes. « Il est essentiel d'informer et de former les femmes aux diverses formes de violences : conjugale, professionnelle et sexuelle. Je les encourage à connaître et à appliquer les lois qui les protègent ; j'exhorte également les hommes à favoriser un climat de paix et d'harmonie dans leur famille et au sein de la communauté », a-t-elle insisté.