Diamniadio — La question foncière constitue "un intrant de base" pour la réflexion devant être menée autour de l'ambition du gouvernement de permettre au Sénégal d'atteindre la souveraineté alimentaire, a déclaré, mardi, le ministre, secrétaire d'Etat aux coopératives et à l'encadrement paysan, Alpha Bâ.
"Le gouvernement travaille actuellement sur une stratégie de souveraineté alimentaire, mais on ne peut pas travailler sur la souveraineté alimentaire sans réfléchir sur l'intrant de base. Et pour nous, cet intrant de base reste la question foncière", a-t-il indiqué.
Il intervenait en marge d'un panel de haut niveau sur les 60 ans de la Loi sur le domaine national au Sénégal, une rencontre animée par plusieurs spécialistes de ce domaine, dans le but d'explorer le contexte évolutif de ladite loi sur le plan Institutionnel, sociétal et environnemental.
Des officiels, élus territoriaux, partenaires et représentants de diverses organisations participaient également à ce panel qui se tenait à Diamniadio et dont il est attendu qu'il retrace l'évolution de la Loi sur le domaine national à travers les divers processus de réflexion pour une gouvernance foncière au Sénégal.
"Après 60 ans, nous constatons que la question foncière connait des difficultés parce que la Loi sur le domaine national, telle qu'elle est ficelée, comporte bon nombre d'avantages, mais il se pose des questions quant à son adéquation avec le contexte actuel et les orientations politiques pour l'atteinte de la souveraineté alimentaire", a déclaré Alpha Bâ.
"Parmi les écueils identifiés, il y a la question de l'ancrage institutionnel", a-t-il relevé, en faisant observer que "beaucoup de ministères" interviennent dans le domaine foncier.
"Nous voulons, avec l'autorisation du président de la République, aller vers la réactualisation de la réflexion sur la réforme foncière qui pourrait démarrer d'un moment à un autre", a indiqué Alpha Ba.
Dans un document remis aux participants, les organisateurs de l'atelier rappellent qu'en 2013, l'ancien président de la République, Macky Sall, avait mis en place la Commission nationale de réforme foncière (CNRF), en réponse aux insuffisances et aux pratique corruptives découlant de la Loi de 1964.
"Malgré ses contributions, la loi sur le domaine national a rencontré divers défis, notamment en matière de droits de propriété limité pour les paysans et de pratiques corruptives. Le document de politique foncière n'a jamais été endossé par les autorités [...]", ont souligné les organisateurs.
"Aujourd'hui, notent-ils, la question foncière continue de susciter un intérêt particulier dans le contexte de projets de privatisation des terres et d'investissement pour contribuer à l'atteinte de la souveraineté alimentaire qui constitue le crédo des nouvelles autorités du Sénégal".