Madagascar: Corruption à l'aéroport d'Ivato - Un Conseil des ministres spécial ce jour

Le président Andry Rajoelina considère les rackets à l'aéroport comme un véritable blocage antiéconomique fomenté par une minorité d'agents de l'Etat. Le président de la République prévoit des sanctions sévères contre les auteurs de rackets à l'aéroport d'Ivato. « Tolérance zéro contre tous ceux qui sont impliqués dans ces affaires qui ternissent l'image de Madagascar », a-t-il averti.

En effet, conformément à ce qu'il avait annoncé la veille, le Chef de l'Etat a effectué hier une descente à Ivato pour constater de visu le processus d'entrée et de sortie dans cet aéroport international, mais aussi pour rencontrer les responsables et les agents aéroportuaires. À noter que lundi dernier, le locataire d'Iavoloha a déjà convoqué tous les ministres concernés par cette affaire. Face aux nombreuses doléances reçues auprès de la Présidence de la République, Andry Rajoelina a tenu à donner une occasion aux différents responsables d'apporter leur version des faits.

Malgré les preuves reçues, pas question de se fier à un seul son de cloche. Il convient de souligner que durant cette énième descente, le Chef de l'Etat a été accompagné par cinq membres du gouvernement, à savoir la ministre de l'Economie et des Finances, le ministre du Tourisme, le ministre de la Sécurité publique, le ministre de la Santé publique et le ministre délégué en charge de la Gendarmerie nationale qui assure l'intérim du ministre des Transports.

Étaient également présents la présidente du Comité pour la Sauvegarde de l'Intégrité, le DG des Douanes, ainsi que le DG du Bureau Indépendant Anti-Corruption. Il s'agit de la deuxième descente d'Andry Rajoelina dans cet aéroport après celle du 7 octobre 2019. Reste à savoir si cette fois-ci, les avertissements du locataire d'Iavoloha seront entendus.

Avancement spécial

Hier, le président de la République a affiché sa détermination à éradiquer ce fléau qui ternit l'image du pouvoir. « Nous n'accepterons pas qu'une minorité d'agents viennent salir l'image de Madagascar », a-t-il déclaré. Andry Rajoelina a même évoqué des sanctions sévères qui pourraient aller jusqu'à la radiation du corps des fonctionnaires contre ceux qui y sont impliqués. Il a aussi déclaré que ceux qui font bien leur travail bénéficieront de primes et de récompenses. Il serait même question d'accorder un avancement spécial pour les bons fonctionnaires.

Au niveau de l'Exécutif, plusieurs mesures ont déjà été prises pour améliorer la qualité des services à l'aéroport d'Ivato. Parmi elles figurent la mise en place d'un comité directeur ou comité de gestion (c'est selon) composé de tous les acteurs afin d'opérer une restructuration et mettre en place une nouvelle organisation de travail, la mise en place d'un box de doléances dans la zone de départ et la zone d'arrivée, l'installation de caméras de surveillance aussi bien à l'intérieur de l'aéroport que sur le parking, l'accélération du traitement des dossiers de visa à l'arrivée et des documents de voyage, ainsi que l'octroi de formation pour les agents aéroportuaires.

Rotation systématique

Le président de la République exige aussi un assainissement des badges des agents à Ivato. Chaque entité, à savoir les douaniers, les policiers des frontières, les gendarmes, les éléments de l'Aviation Civile de Madagascar (ACM), ainsi que les agents de la sûreté aéroportuaire de l'Amarante Madagascar, doivent porter des badges et des brassards différents.

Actuellement, l'on compte 1 100 agents détenteurs de badges de service à Ivato. Durant une réunion de travail avec les différents responsables qui s'est tenue dans le salon Ravinala de l'Aéroport, Andry Rajoelina appelle les ministres concernés à effectuer une rotation systématique de leur personnel travaillant à Ivato chaque année. Désormais donc, chaque agent ne devrait pas rester plus d'un an au poste. Ce jour, un Conseil des ministres spécial aura lieu à Iavoloha.

À entendre le Chef de l'Etat, ce sera une occasion de prendre toutes les mesures pour éradiquer complètement la corruption à Ivato et d'élaborer les textes de lois y afférant permettant d'améliorer la qualité des services. Apparemment, cette affaire est en train de devenir une véritable affaire d'Etat. En effet, Andry Rajoelina considère les rackets à l'aéroport comme « un blocage antiéconomique ».

Le locataire d'Iavoloha prévoit de tout mettre en oeuvre afin que cet aéroport d'Ivato soit un modèle dans la lutte contre la corruption. Il a même laissé entendre que les mauvaises pratiques dans cet aéroport seront complètement éradiquées d'ici la fin de cette année 2024. Reste à savoir si cette fois-ci, le TGV réussira son pari.

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