Mali: Les travaux de la «charte pour la paix réconciliation» perturbés par le boycott des partis politiques

Au Mali, la commission de rédaction de la future « charte pour la paix et la réconciliation » a commencé ses travaux cette semaine. Mise en place le mois dernier, la commission a rencontré les autorités traditionnelles et religieuses lundi 22 juillet, puis convié les partis politiques mardi pour consultation. Mais les travaux ont été relégués au second plan par les partis qui continuent d'exiger la libération des onze cadres politiques arrêtés le 20 juin dernier.

« La paix et la réconciliation nationale », thème de la charte en préparation, « riment aujourd'hui avec la libération immédiate et sans condition des onze responsables politiques kidnappés », car « pris sans aucun mandat ». L'ancien ministre Djiguiba Keita, du Parena, présent dans la salle, s'adresse au président de la commission de rédaction de la charte, au nom de la Déclaration du 31 mars, qui rassemble la quasi-totalité des partis politiques maliens. Lesquels avaient annoncé la semaine dernière leur décision de boycotter toutes les activités gouvernementales tant que leurs camarades resteraient détenus.

Les onze sont actuellement poursuivis en justice pour, notamment, « opposition à l'exercice de l'autorité légitime », après avoir tenu une réunion dans un domicile privé alors que les activités des partis politiques avaient été suspendues par décret présidentiel - le décret, jugé « illégal » et « anticonstitutionnel » par les partis politiques, a depuis été levé.

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L'« écoute » du colonel Assimi Goïta

L'AFD de Modibo Soumaré, s'adressant également à Ousmane Issoufi Maïga, lui demande carrément de « poser un premier acte dans le sens de la paix et la réconciliation » en usant de « l'écoute » dont il bénéficie auprès du président de transition, le colonel Assimi Goïta, pour obtenir cette libération. Les partis comptent apparemment davantage sur une intervention des autorités actuelles que sur une démarche strictement judiciaire dans ce dossier, qu'ils considèrent comme purement politique.

L'ancien Premier ministre Moussa Mara, indique enfin avoir rendu visite, au cours des derniers jours, aux onze anciens ministres et dirigeants de partis, détenus depuis plus d'un mois dans trois prisons différentes à travers le pays, pour leur témoigner de leur « détermination sans faille à obtenir leur libération le plus rapidement possible » et à se « battre pour instaurer une démocratie réelle dans le pays. »

« Je ne peux pas me substituer à la justice »

Mais les partis politiques se sont heurtés à une fin de non-recevoir, avec la réponse du président de la commission de rédaction de la charte : « Je ne peux pas me substituer à la justice. »

Ousmane Issoufi Maïga a aussi prévu de consulter les organisations socio-professionnelles, le patronat, ou encore des universitaires. La commission qu'il dirige devra ensuite rédiger une « charte pour la paix et la réconciliation », dont on croit comprendre qu'elle sera fondée à la fois sur ces consultations et sur les conclusions du dialogue inter-Maliens, dirigé par le même Ousmane Issoufi Maïga et qui avait notamment recommandé en mai dernier une nouvelle prolongation de la période de transition de deux à cinq ans.

Le futur texte devra, selon le décret officiel, servir de « référence pour toutes initiatives, actions et activités qui concourent à la sécurité, à la paix, à la réconciliation nationale, à la cohésion sociale et au vivre-ensemble au Mali. »

Le dialogue inter-Maliens avait également préconisé d'« engager le dialogue avec tous les mouvements armés maliens », mais ni les rebelles du CSP, ni les jihadistes du Jnim, ne sont au programme des consultations en cours pour l'élaboration de la charte. Rappelons enfin que le Mali s'était déjà doté en 2017 d'une « charte pour la paix, l'unité et la réconciliation nationale », issue de la Conférence d'entente nationale organisée à l'époque.

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