Afrique de l'Ouest: Crise avec le Bénin - Un commando nigérien débarque à Cotonou

C'est un véritable commando nigérien qui a atterri hier mercredi 24 juillet 2024 à Cotonou.

Selon un communiqué officiel rendu public par les autorités nigériennes, il est écrit noir sur blanc qu'à la demande des anciens présidents Yayi Boni et Nicephore Soglo, le président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), Abdourahamane Tchiani, a dépêché chez son homologue Patrice Talon une délégation de haut niveau.

Conduite par le général de brigade Mohamed Toumba, ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur, de la Sécurité publique et de l'Administration du territoire, l'équipe est composée du Dr Soumana Boubacar, ministre directeur de cabinet du président du CNSP, d'un représentant du haut commandant de la gendarmerie nationale, d'un élément du haut commandant de la garde nationale, d'un représentant de la police nationale et d'une tête qui parlera au nom de la direction générale de la Documentation et de la Sécurité extérieure.

Cette composition en dit suffisamment long sur le cachet sécuritaire que prend cette mission. En effet, cette dernière a lieu au moment où les relations entre les deux pays sont particulièrement tendues. Tout est parti du coup d'Etat du général Tchiani il y a maintenant un an -26 juillet 2023- et des sanctions drastiques prises par la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) pour faire rendre gorge aux putschistes.

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C'est ainsi que les frontières entre les deux pays ont été fermées. Le hic, c'est que l'exportation du pétrole nigérien passe par le terminal béninois. Dans un cynisme assumé, le locataire du palais de la Marina a clamé que si les frontières étaient fermées pour les personnes et les marchandises, elles devraient l'être également pour l'or noir nigérien. Depuis, les choses sont allées de mal en pis.

Et les relations entre les deux Etats n'ont jamais été aussi mauvaises que maintenant. Depuis quelques semaines, Niamey accuse carrément le Bénin d'abriter des bases françaises qui formeraient des terroristes en vue de déstabiliser son voisin. Cotonou a beau nier, l'accusation nigérienne a même été reprise à Ouagadougou par le capitaine Ibrahim Traoré lors de sa rencontre avec les forces vives de la nation au palais des Sports de Ouaga 2000 le jeudi 11 juillet dernier.

Il aura fallu les bons offices de la China national petroleum corporation (CNPC) pour que les premiers barils du pétrole nigérien réussissent à franchir la frontière. Mais là non plus, les nouvelles ne sont pas bonnes. La CNPC a annoncé qu'elle suspendait ses travaux pour cause d'insécurité. Il va donc falloir trouver d'autres mécanismes pour faire sortir le pétrole.

C'est dans ce contexte qu'intervient cette mission des plus délicates qui est à mettre à l'actif des deux « elders béninois » qui seront parvenus à nouer le fil du dialogue. Il faut souhaiter que de part et d'autre la sagesse et la raison prévalent pour que ne dure pas inutilement ce différend qui peut se régler rapidement si et seulement si chacun y met un peu de bonne volonté.

Talon et Tchiani auront donc à aller au-delà de leur orgueil pour conserver les relations de bon voisinage entre leurs peuples.

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