Depuis lundi, se tient à Ouagadougou le procès de ce qui est considéré comme la première attaque terroriste au Burkina Faso. Le 9 octobre 2015, une cinquantaine d'hommes armés attaquent la brigade de gendarmerie de Samorogouan, à une trentaine de kilomètres de la frontière malienne.
Neuf ans plus tard, une dizaine de personnes comparaissent donc devant le pôle judiciaire antiterroriste du tribunal de grande instance de Ouaga 2. Ils sont poursuivis, entre autres, pour « association de malfaiteurs terroristes », « assassinats », et « destruction aggravée de biens publics ».
Sur la dizaine d'accusés, trois personnes sont détenues au Mali, fait savoir le tribunal. Mais elles ont pu être auditionnées, grâce à la collaboration judiciaire entre Bamako et Ouagadougou. Durant le procès, Aboubacar Sawadogo, considéré comme le cerveau de l'attaque, explique avoir été initié aux maniements des armes au Mali en 2012, et être revenu ensuite au Burkina Faso après un bombardement effectué par une force militaire étrangère, vraisemblablement Serval.
Il décide alors de poursuivre son « combat » dans la localité de Samorogouan, avec d'anciens camarades rencontrés au Mali. Un autre accusé, Abdoulaye Ouédraogo, dont la déposition a été faite à la prison de Bamako puis lue au tribunal de Ouaga reconnaît avoir participé à l'attaque. Les assaillants ont rejoint Samorogouan à moto, mais les armes ont été convoyées par bus. « Nous avons attaqué la gendarmerie à 4 heures, témoigne-t-il, je tenais une kalachnikov et après l'attaque, nous avons pris la direction du Mali ».
Sans parler d'attaque terroriste, l'état-major général des armées avait indiqué à l'époque que l'opération avait été menée par « une cinquantaine de personnes non identifiées ». Le bilan a été de trois morts parmi les gendarmes burkinabè, et un assaillant tué.