Ils ont fièrement porté les couleurs mauriciennes lors de leur participation aux Jeux olympiques d'été. Bien que l'île ne détienne à ce jour qu'une seule médaille, obtenue en 2008 par Bruno Julie, ceux qui ont représenté la nation ont toujours fait preuve de combativité.
L'obtention de ce précieux sésame pour participer aux Jeux nécessite en effet de nombreux sacrifices et une détermination sans faille. Nos interlocuteurs ne diront pas le contraire.
Maurice a participé à 11 éditions des Jeux olympiques (JO) au fil des années, en comptant celle de cette année. Cette fois-ci, 13 athlètes tenteront de se rapprocher le plus possible du podium, espérant rééditer l'exploit du boxeur Bruno Julie en 2008 à Pékin.
Alors que leurs performances seront suivies à partir du 26 juillet, donnons la parole à des anciens qui ont déjà goûté à cette saveur de l'ivresse. Comme l'explique Karen Foo Kune-Bacha, ancienne badiste, l'obtention de ce précieux sésame ne s'est pas faite d'un coup de baguette magique.
Elle raconte que sans sacrifices, elle n'aurait jamais pu participer à la compétition. «Le dur labeur, les entraînements sans relâche, la sueur, les heures et les années consacrées à l'obtention d'une place qualificative n'ont pas été une mince affaire.»
Elle ajoute que souvent, elle a eu des moments de découragement et le moral à zéro, mais malgré tout, elle a su surmonter ces difficultés. «Réussir à obtenir une qualification, c'est le fruit de tous les efforts consentis.» Pour tout athlète de haut niveau, se qualifier pour les JO est un objectif ultime. Fabienne Saint-Louis, ancienne triathlète, en sait quelque chose également.
«C'est une saveur particulière que d'être sur la ligne de départ. Cela ne ressemble en rien aux autres épreuves, même si tu es alignée avec les mêmes filles avec lesquelles tu cours toute l'année !» Il y a aussi l'ambiance omniprésente sur les sites de compétitions et dans les villes qui accueillent ces Jeux. «Mon meilleur souvenir reste les cérémonies d'ouverture des deux JO auxquels j'ai participé (2012 et 2016). Des moments inoubliables, remplis de sens, de fierté et de bonheur intense.»
L'ancienne no 1 mauricienne au triathlon raconte que cette atmosphère avec le public enthousiaste fait remonter des sensations particulières. «Quand je pense à l'ambiance et au public, cela m'a toujours donné des frissons.» Elle se souvient encore de sa première participation en 2012 à Londres. «J'étais vraiment concentrée et déterminée dans ma natation, à ne rien lâcher pour être au mieux possible. Je me suis mis beaucoup de pression car c'était ma première participation et j'avais l'envie de me surpasser pour la course d'une vie. Je ne savais pas que j'allais me qualifier une deuxième fois.» Toutefois, cette seconde participation a été chamboulée par sa maladie - elle était atteinte d'un cancer des glandes salivaires, une maladie qu'elle a révélée au grand jour durant sa participation aux JO de Rio. «Avec ma maladie, je n'avais pas de pression. Du coup, je voulais seulement profiter du moment présent.»
Elle est loin d'être la seule à garder de bons souvenirs des JO. C'est également le cas de Ravi Bhollah. L'ancien haltérophile ne pourra jamais oublier sa participation, d'autant plus qu'elle a été marquée par l'obtention de la seule médaille olympique mauricienne à ce jour. «C'était la cerise sur le gâteau. Il faut aussi dire que l'équipe mauricienne présente à ces Jeux avait quelque chose de particulier. Elle était très soudée, et la récompense est venue grâce à Bruno Julie.» De son côté, sa participation a été singulière.
En effet, échouant de peu les épreuves qualificatives pour aller à Pékin, il a obtenu son ticket à la suite du retrait de l'Irak. «Juste avant moi au classement, il y avait un athlète irakien. Et comme ils ont dû se retirer des Jeux, j'ai reçu une invitation pour y prendre part.»
Il ajoute qu'il savait que la compétition allait être rude. Les infrastructures présentes à Pékin n'avaient rien de comparable à celles de Maurice. «Je me suis fait plaisir en y donnant le maximum. Certes, on se donne à fond, surtout que l'on veut bien faire pour le pays. C'était une très belle expérience, d'autant plus qu'il n'est pas donné aux athlètes mauriciens d'y aller deux ou trois fois.» La vie au camp olympique a de quoi faire jalouser plus d'un.
En effet, c'est une chance unique de pouvoir côtoyer les stars sportives. «J'ai eu la chance de voir le sprinteur Usain Bolt, les tennismen Rafael Nadal et Novak Djokovic, ou encore le regretté basketteur Kobe Bryant. Il était très sympathique, n'ayant pas la grosse tête.» Selon lui, les JO étaient moins stressants que les Jeux des îles de l'océan Indien, car pour ces Jeux régionaux, on attend encore plus de performances des locaux. «En tout cas, les JO de Pékin restent les plus grands jamais organisés, surtout en termes d'organisation. Tout était juste parfait.»
D'autant plus que 2008 restera gravée comme les JO du «Mauritius Magician» Bruno Julie. Le boxeur poids coq s'est retrouvé en demi-finale où il était déjà assuré d'obtenir une médaille. Malgré un combat épique, il n'a pas réussi à décrocher une place pour la finale mais a offert à Maurice sa première médaille olympique.
Continuer le rêve avec l'association olympienne
Depuis 2023, l'association des olympiens mauriciens a vu le jour. Cette dernière oeuvre pour que tous ceux qui ont participé aux JO ne soient pas oubliés. Leurs noms sont déjà gravés sur les murs à Côte-d'Or. Pour son secrétaire général, Ravi Bhollah, la création de cette association vise à entraider tous ceux qui ont eu la chance de défendre le quadricolore. «Nous comptons 92 olympiens pour le moment. D'autres viendront nous rejoindre après les JO de Paris. Cette association a pour objectif d'aider tous ceux qui ont été délaissés et se sont retrouvés sans emploi, entre autres.»
De plus, certains athlètes encore actifs ont même demandé à l'association de les aider, à l'instar des badistes Kate Foo Kune et Julien Paul. «Ils nous ont dit qu'ils ressentaient un manque dans leur préparation et nous avons approché des compagnies. En effet, deux compagnies de suppléments alimentaires les aident actuellement. L'ancienne judokate Priscilla Cherry, qui participe aux Masters de judo d'Afrique et qui va également à Paris, a également bénéficié du soutien de l'association.» Ravi Bhollah espère que dans un proche avenir, leur projet d'aider les sportifs à poursuivre leurs études tertiaires verra le jour. «Certains n'ont pas pu obtenir leurs cinq 'credits' ou deux 'A Level'. Mais nous en avons discuté avec certaines institutions qui sont prêtes à faire une dérogation afin de leur permettre de poursuivre leurs études.»