Congo-Kinshasa: Révélations au procès de Corneille Nangaa sur les activités de l'AFC et ses ambitions

La Cour militaire de Kinshasa/Gombe a poursuivi ce jeudi 25 juillet l'examen de l'affaire Corneille Nangaa, ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) et dirigeant politique du mouvement politico-militaire Alliance Fleuve Congo (AFC), ainsi que 24 autres prévenus poursuivis pour crimes de guerre, participation à un mouvement insurrectionnel et trahison. Les cinq prévenus présents ont été entendus.

Premier à être appelé à la barre, Éric Nkuba Malembe a affirmé devant les juges qu'il n'avait pas trahi son pays, mais cherchait à instaurer une démocratie. Il a dénoncé le pillage du Trésor public et remis en question la bonne gouvernance actuelle, expliquant que l'AFC avait été créée dans ce but.

Il a également expliqué que ses activités de commerçant et la possession de trois carrés miniers dans le Haut-Uélé avaient permis de financer la création de l'AFC, soulignant que lui et Corneille Nangaa n'étaient pas démunis et avaient utilisé leurs propres moyens pour cette initiative.

Nicaise Samafu Makinu, un autre prévenu, a nié être membre de l'AFC. Il a affirmé avoir connu Corneille Nangaa lors de la promotion d'un projet de centrale hydroélectrique. Interrogé sur ses liens avec les autorités rwandaises, il a simplement évoqué une collaboration avec une société rwandaise pour un projet de barrage à Rubavu.

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Accusé d'avoir reçu mission de la part de Corneille Nangaa de recruter des autorités militaires pour l'AFC, Samafu Makinu a défendu l'usage des fonds reçus du coordonnateur de l'AFC, disant que ces 120 000 USD étaient destinés à des études de faisabilité d'une centrale hydraulique dans la province du Haut-Uélé.

De son côté, le ministère public prétend cependant que ces fonds ont été utilisés pour recruter des responsables militaires et de la police.

Révélations sur les activités de l'AFC dans certains pays voisins

Les prévenus ont fait des révélations sur les activités de l'AFC dans certains pays voisins comme le Rwanda et l'Ouganda.

Devant les juges, Éric Nkuba Malembe a expliqué qu'après la création de l'AFC au Kenya, lui et Corneille Nangaa se sont rendus en Ouganda. Il a affirmé qu'ils logeaient dans des appartements mis à leur disposition par le général Muhoozi Kainerugaba, fils du président ougandais Yoweri Museveni.

Le prévenu Nkangya Nyamacho Microbe a déclaré avoir rencontré deux fois Corneille Nangaa à Kigali en présence de personnes de nationalité rwandaise. Très critique à l'égard des autorités de Kinshasa, il a expliqué qu'à Kigali, il avait participé à une réunion où Corneille Nangaa avait réuni des représentants des communautés congolaises du Sud-Kivu, leur assignant la mission de faire adhérer les groupes armés de ces communautés à l'AFC.

Un autre prévenu a révélé que l'AFC de Corneille Nangaa s'appuyait militairement sur deux groupes armés : le M23 au Nord-Kivu et Twirwaneho au Sud-Kivu. Il a également indiqué que la mission de l'AFC n'était pas simplement de prendre Goma, mais de progresser jusqu'à Kinshasa pour renverser le pouvoir de Félix Tshisekedi.

Suspendue, l'audience reprendra vendredi.

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