Dakar — Un rapport du Fonds d'impulsion de la microfinance publié jeudi propose aux pouvoirs publics d'évaluer les taux d'intérêt débiteurs appliqués par les systèmes financiers décentralisés (SFD) au Sénégal et leur fait des recommandations en vue de leur allègement.
"Cette importante étude nous propose une évaluation de la situation des taux d'intérêt débiteurs appliqués par les systèmes financiers décentralisés et formule des recommandations qui pourraient contribuer à leur allègement", a dit Alioune Dione, le ministre de la Microfinance et de l'Économie sociale et solidaire.
Le document a été rendu public lors d'une réunion du Comité national de coordination des activités de la microfinance, à Dakar, sous la présidence de M. Dione.
Le ministère de la Microfinance et de l'Économie sociale et solidaire préconise une politique "inclusive et participative" dans le domaine de la microfinance, un secteur dont la "vitalité [...] au Sénégal n'est plus à démontrer".
Au 31 décembre 2023, il y avait 4.306.771 membres et clients pour 297 établissements offrant des services financiers décentralisés, selon Alioune Dione.
Ces services sont effectués auprès de 905 guichets, a-t-il indiqué, affirmant que le taux d'inclusion financière de la microfinance est de 19,7 % au Sénégal.
Le ministre de la Microfinance et de l'Économie sociale et solidaire, Alioune Dione
Les encours d'épargne s'élèvent à 570,5 milliards de francs CFA, et les crédits à 752,6 milliards, selon le ministre.
"Ces [données] montrent sans équivoque que la microfinance contribue de manière très appréciable au financement de l'économie du pays", a-t-il souligné.
Soixante-treize pour cent des SFD ont procédé à un allègement des conditions d'accès à leurs crédits, à la suite de la baisse du taux d'usure de 27 % à 24% en 2014, a dit Alioune Dione en citant le rapport du Fonds d'impulsion de la microfinance.
Selon ce document, la rentabilité des SFD est limitée par des facteurs internes : la forte dégradation de la qualité du portefeuille, les coûts opérationnels élevés et une tarification inadéquate des produits de prêt.
"J'invite donc les acteurs à faire preuve d'ingéniosité et d'inventivité pour offrir des services financiers accessibles, afin d'inverser la perception négative des populations sur les produits de la microfinance", a lancé M. Dione.
Le directeur national de la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest pour le Sénégal, François Sène
Selon lui, le ministère a adopté une "nouvelle stratégie de financement ciblé" basée sur l'identification des cibles porteuses d'initiatives économiques à fort impact social et financier, le financement prioritaire des acteurs de l'économie solidaire, la contribution à l'atteinte de la souveraineté alimentaire et à la substitution aux importations.
"La microfinance est une lueur d'espoir pour ceux qui cherchent à entreprendre, à investir et à améliorer leurs conditions de vie", a souligné, lors de la réunion, le directeur national de la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest pour le Sénégal, François Sène.
Les acteurs de la microfinance doivent se préoccuper de la "viabilité" et de la "pérennité" des institutions de microfinance, selon M. Sène.
"Il est certain que l'accès de nos objectifs communs dépendra en grande partie des deux acteurs majeurs, l'État et les professionnels de la microfinance", a dit Mamadou Cissé, le président de l'Association professionnelle des systèmes financiers décentralisés du Sénégal.