Cote d'Ivoire: Une nouvelle opération de déguerpissement dégénère en affrontements dans une commune d'Abidjan

En Côte d'Ivoire, nouvelles tensions le 25 juillet 2024 dans la commune d'Adjamé, où le quartier Ebrié est visé depuis le 21 juillet par une opération de déguerpissement pour le tracé d'une route.

Les habitants, opposés à la destruction de leurs commerces et de leurs habitations, ont tenté de s'opposer aux agents du district et s'en sont pris aux engins de chantier. La situation a dégénéré en violents affrontements, jusqu'à l'intervention des forces de l'ordre. L'opération s'est achevée sous protection policière.

« Ici, c'est notre village ! Nos parents, nos ancêtres, sont ici ! Et ça nous fait mal, très, très mal. Ce sont nos terres ! »

Les habitants d'Ebrié, un quartier de la capitale économique de Côte d'Ivoire, portent encore des foulards autour de la bouche et du nez, pour se protéger de la poussière soulevée par les gravats et des gaz lacrymogènes... Près des restes d'une pelleteuse brûlée de marque Caterpillar, regroupés autour des possessions qu'ils ont pu sauver, ils regardent les engins, arrivés à l'aube, s'activer sur les ruines.

« Vers 6h, on a vu que le village était envahi de Caterpillars, et ils ont commencé à démolir le village, raconte l'un des riverains. Et puis il y a eu des affrontements avec les jeunes. Il faut préconiser le dialogue d'abord, avant toute chose. Mais on nous surprend d'abord. Et puis ils font ce qu'ils veulent... Vous pensez que nous sommes contents ? Non ! S'il y avait eu ce dialogue, tout ça, là, n'allait pas arriver ! »

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« Ce n'est pas possible de voir un village détruit pour une simple petite route »

Mis en difficulté par la riposte des jeunes du village, les agents du district ont reçu du renfort de la gendarmerie, et le calme est revenu à la mi-journée.

Jacques N'Koumo, conseiller du chef du village d'Adjamé, dénonce la violence du procédé. « On les a repoussés jusqu'à derrière le pont, lâche-t-il. Mais quand la police est venue... Et puis quelle police ! Des armes à feu, des grenades lacrymogènes... Ce n'est pas normal. Vraiment, ce que j'ai vu, ce n'est pas bien. Ce n'est pas possible de voir un village détruit pour une simple petite route ! »

Selon la chefferie d'Adjamé, les affrontements auraient fait plusieurs blessés, dont un blessé grave, et un mort. Mais les autorités démentent ce bilan, et affirment qu'aucun décès n'est à déplorer.

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