« Ce métier n'est pas facile. On risque sa vie à chaque instant et les détonations des armes sur les lignes de front fragilisent psychologiquement de nombreux journalistes ». Austère Malivika, grand-reporter de guerre, résume bien la dure réalité que vivent les professionnels de la presse au Nord- Kivu. Un lourd tribut psychologique que la section Nord-Kivu de l'Union nationale de la presse du Congo (UNPC) a choisi de mettre en lumière, dans le cadre de la célébration, le 22 juillet, de la journée nationale de la liberté de la presse.
Le thème de cette année se veut d'ailleurs illustrateur : " Nord-Kivu : le coût du journalisme en zone de conflit ". Et l'UNPC de tirer la sonnette d'alarme quant aux traumatismes subis par les journalistes, témoins, au quotidien, de violences, d'atrocités et de souffrance humaine.
Nécessité d'un suivi psychologique
James Bonose, journaliste déplacé de Bunagana qui vit désormais à Goma, est habité en permanence par l'anxiété : « J'ai fui mon domicile pour me réfugier en ville, mais l'insécurité à Goma me perturbe profondément. Je vis dans une peur constante, et l'incertitude du lendemain me plonge dans l'angoisse », confesse-t-il. Une condition si préoccupante que le psychologue, Henri Kabeya, lance un appel pressant aux hommes de médias : « Prenez soin de votre santé mentale ! Témoins directs de la violence, vous ne revenez pas du terrain uniquement avec vos reportages. Vous ramenez également le poids émotionnel de tout ce que vous avez vu et vécu ».
Face à cette réalité à laquelle sont confrontés les journalistes en zones de conflit, Jacques Vagheni, secrétaire exécutif de l'UNPC au Nord-Kivu, alerte quant aux graves conséquences sur leur santé mentale, lorsqu'une attention particulière n'y est pas accordée. « Cela peut sérieusement compromettre leur performance professionnelle et leur capacité à faire face aux pressions de leur environnement de travail », avertit-il, non sans inquiétude. C'est pourquoi l'UNPC exhorte les responsables des médias à favoriser la mise en place d'initiatives concrètes afin d'assurer le bien-être psychologique de ces derniers.
Accompagnement réaffirmé de la MONUSCO
En cette journée nationale dédiée à la liberté de la presse, il est crucial de rendre hommage à ces femmes et hommes qui, au péril de leur vie, permettent de comprendre les réalités complexes du Nord-Kivu.
C'est ce qu'a fait le chef du bureau régional de la MONUSCO, Omar Aboud, qui a tenu à saluer le courage et la ténacité des journalistes du Nord-Kivu. Il a, à l'occasion, promis la poursuite de l'accompagnement habituel de la Mission onusienne à la presse locale. La MONUSCO apporte déjà à la section Nord-Kivu de l'UNPC un soutien multiforme et permanent qui s'est matérialisé par la construction, en 2015, du centre de presse de Goma, à travers un projet à impact rapide (QIP). Depuis, une trentaine de journalistes s'y rendent chaque jour soit pour travailler, soit pour suivre des formations visant à renforcer leurs capacités professionnelles.