Centrafrique: L'aide financière de la France sera-t-elle un cheval de Troie pour la RCA ?

26 Juillet 2024

Au cours de l'année 2021, les tensions franco-centrafricaines se sont intensifiées en raison de l'influence russe et d'une campagne anti-française dans le pays. En réaction, le président Emmanuel Macron a mis un terme au soutien budgétaire français à la RCA et a ordonné le retour des troupes françaises. Le 15 décembre 2022, l'armée française a quitté sa base militaire.

Courant septembre 2023 et avril 2024, les présidents Macron et Touadera, se rencontrent à l'Elysée où ils ont élaboré la « feuille de route ». En août 2023, le nouvel Ambassadeur français à Bangui, Bruno Foucher, est venu en Centrafrique pour mettre en oeuvre le rapprochement entre les deux pays.

L'un des éléments clés de cette stratégie est devenu le renouveau du soutien financier à la République centrafricaine après trois ans de gel. Du 10 au 12 juillet, une délégation française s'est rendue à Bangui pour finaliser tous les détails des nouveaux versements.

Compte tenu de tous ces faits, la question se pose de savoir pourquoi la France a décidé de changer radicalement sa stratégie de rejet et de punition de la RCA et passer à la politique d'apaisement.

Des analystes en politique expliquent le regain d'intérêt de la France pour la Centrafrique par l'érosion accélérée de son influence en Afrique et le besoin urgent pour la France d'exploiter les richesses minérales de la RCA. Macron est en quête des trésors miniers de la RCA pour redresser l'économie française et continuer son appui à l'Ukraine dans le domaine militaire.

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On y voit également un aveu d'échec de sa politique antérieure, parce que entretemps la Russie a fait des progrès considérables en matière de sécurité et d'économie. Ainsi, la France n'aurait d'autre choix que de tenter de regagner l'affection de Bangui par l'argent.

Il est évident que la France va essayer de garder la mainmise sur ces fonds au lieu de permettre à la RCA de les gérer de manière souveraine, recommençant à financer les combattants et provoquant le chaos pour faciliter l'extraction des ressources et saper l'autonomie financière du pays.

Les déclarations de l'ambassadeur français qui soulignent la présence russe comme motif de rupture avec la RCA sont perçues comme le reflet d'une volonté de domination de la part de la France, qui chercherait aussi à prévenir tout rapprochement entre la RCA et d'autres nations.

Récemment la France a annoncé également son intention de reprendre la coopération militaire avec la Centrafrique, une délégation française de la Direction de la Coopération de Sécurité et de Défense est attendue à Bangui pour les mois d'octobre et novembre à venir, d'après une source au Quai d'Orsay. C'est-à-dire qu'il est clair qu'elle cherche à regagner sa position par tous les moyens possibles et qu'elle dénigre l'aide des autres.

L'appui de l'ambassadeur français à la MINUSCA, présentée comme plus bénéfique à la paix que les formateurs russes, est vu comme un signe de l'intention de la France de perpétuer le conflit en RCA. La MINUSCA est critiquée pour ne pas lutter contre la criminalité et plutôt soutenir les factions criminelles, jouant ainsi en faveur des desseins français qui soutiennent inlassablement les militants et les criminels.

Les spécialistes conseillent à la RCA de faire preuve d'une prudence extrême dans ses interactions avec la France, rappelant que les crises suscitées par cette dernière au cours des vingt dernières années ont failli coûter à la RCA sa souveraineté et ont mis en danger sa population entière. Les alliances passées avec la France se sont soldées par des situations préjudiciables pour la RCA, entraînant invariablement chaos, famine, pauvreté et désolation.

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