Tunisie: La FIFA décrète un comité de normalisation provisoire pour la FTF - Un mal que nous devons transformer en bien

26 Juillet 2024

On aurait pu ne pas en arriver là. On aurait pu éviter tout ça. Mais on a tout fait pour nous jeter nous-mêmes dans la gueule du loup.

Ceux qui ont fait une campagne virulente et un harcèlement médiatique dans certains plateaux radios et télés et dans certaines émissions sportives spécialisées dans le buzz excessif sans idées constructives sur le fond, à des fins personnelles et partisanes pour porter le coup de grâce au Bureau fédéral sortant, dans le seul but de pousser la Fifa à prendre elle-même en charge l'épineux dossier de la Fédération tunisienne de football, en ont eu pour leurs frais.

Maintenant que la décision de la plus haute instance sportive est tombée sans appel, comme un couperet, pour annoncer qu'elle nommera elle-même dans les tout prochains jours un Comité de normalisation provisoire pour une période n'excédant pas le 31 janvier 2025, ces mêmes figures médiatiques, qui ont écarté toute possibilité d'ingérence directe dans la gestion de notre football, qui ont poussé vers cette solution extrême dont on ne peut être ni flattés ni fiers, n'ont même plus le pouvoir de relativiser.

Aussi bien le Comité électoral indépendant de Ahmed Kandara que la Commission nationale d'appel de Moez Nasri assument, eux aussi, la lourde responsabilité d'avoir fait plus qu'échouer et avorter les deux rendez-vous des élections d'un nouveau Bureau fédéral souverain du 9 mars et du 11 mai derniers. Ils ont tendu ainsi la perche à la Fifa et à la CAF pour s'occuper elles-mêmes de la gestion de notre football et nous imposer des solutions, des plans de sauvetage et des portes de sortie de crise qu'elles jugent les plus appropriées.

Le Bureau fédéral actuel, mis finalement à la porte, n'est pas lui aussi exempt de tout reproche. Il a eu tort de trop compter et tabler sur une troisième chance et la prolongation de son mandat pour sauver son « trône » vacillant et se donner les moyens et les garanties pour rester un peu plus au pouvoir sans passer par les urnes.

Wassef Jlaiel a commis une erreur stratégique en se croyant déjà investi et incontournable pour la lourde charge de futur président de la Fédération avant de l'avoir été dans les faits.

La goutte qui a fait déborder le vase

Wassef Jlaiel n'a pas compris que la gestion provisoire des affaires courantes de la Fédération n'autorise pas la prise de décisions aussi importantes que le changement de la pyramide des championnats, la recomposition des divisions, les cadeaux de maintien de certaines équipes bien que les résultats les aient condamnées à la rétrogradation, la discréditation du mérite sportif et des résultats des compétitions.

Le choix controversé de Faouzi Benzarti à la tête du staff de l'équipe nationale, le plein pouvoir et le chèque en blanc que celui-ci demande jusqu'à refuser catégoriquement dans un bras de fer insensé la nomination de Mehdi Nafti comme premier adjoint, la mise à l'écart de la Direction technique nationale de Belhassen Malouche, tout ça n'a pas été digéré et ça n'a fait que conforter l'idée aux yeux du Comité exécutif de la Fifa de la nécessité d'une solution radicale au cas tunisien.

La Fifa n'a pas vu d'un bon oeil les dernières décisions et démarches du Bureau fédéral en sursis et les a jugées comme un excès de pouvoir. Elle s'est donc empressée de le sanctionner et de mettre définitivement fin à son mandat et de passer au plan B, le pire scénario pour nous : un Comité de normalisation provisoire indépendant, directement lié au siège et centre de décision à Zurich.

Comment sauver la face ?

Maintenant que tout le monde s'est rendu à l'évidence et a pris acte de la décision, il ne nous reste qu'à limiter les dégâts et tout tenter pour imposer que ce Comité de normalisation provisoire pour une période de 6 mois maximum soit composé uniquement de Tunisiens dévoués à l'intérêt général de leur pays et capables de mener cette période de transition à bon port.

Les compétences ne manquent pas. Les bonnes intentions aussi. Il s'agira seulement de placer les hommes qu'il faut pour déblayer la route au changement et aux responsables les plus méritants. Ce qui fait peur c'est que de nombreuses figures de poids sondées ont décliné la proposition de figurer à la tête ou au sein de ce comité. L'héritage et le fardeau sont très lourds à porter même pour quelques mois.

Mais a-t-on d'autres choix pour sauver ce qui peut l'être que de couper l'herbe sous les pieds de ceux qui veulent plonger notre football dans l'incertitude et dans un avenir des plus flous, et ce, en acceptant d'assumer une tâche si colossale soit-elle et de faire nous-mêmes la propre et grande révolution de velours de notre football de demain ?

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