L'orchestre Sinza arrive en 1964 dans l'arène musicale congolaise où l'on remarque la présence d'une floraison de groupes musicaux, entre autres, Bantous de la capitale, Negro Band, Tembo..., qui se distinguent par la qualité de leurs oeuvres qui font succès. Une rivalité s'installe entre eux car chaque groupe est à la conquête de la palme du leader.
Créé sous l'impulsion de Jacques Kimbembé alias Mouss, l'orchestre Sinza de ya Gaby, puis Sinza Kotoko plus tard, est composé ainsi qu'il suit. Jacques Kimbembe Mouss (guitare solo), Dianzolo Gabriel ya Gaby chef d'orchestre (guitare acoustique), Miguel Samba (guitare basse), Makosso (guitare acoustique), Luc Erouet Nkounkou(batteur), Atos, José Mabélé (saxophonistes) et une pléiade de chanteurs et instrumentistes, en l'occurrence Alphonse Lucas Bahouka, Anatole Bokassa, Michel Mampouya, Fidèle Samba, Yacinthe Malonga qui arriveront plus tard dans le groupe en complément d'effectif.
Les titres tels que "Abetina", "Eze Marceline" (de Jacques Kimbembe ), "Qui vivra verra", "Mayoto", "Africa complet" (d'Anatole Bokassa ), "Wa ba nkandi tetoka" (d' Alphonse Bahouka), édités chez Pathé Marconi sont les oeuvres que Sinza lance sur le marché. L'arrondissement 5, Ouénzé, à Brazzaville, est le fief de l'orchestre. Il livre des concerts dans les bars Vis-à-vis (situé sur l'avenue Bouétambongo), chez Déchango bar (situé au croisement avenue Bouétambongo et la rue Itoumbi), chez Texaco Bar (au croisement avenue Miadeka et avenue Les trois martyrs, actuel site arrêt Mampassi), au bar Tembe na ba mbanda (sur l'avenue de la Tsiémé). A noter également l'animation des cérémonies de mariage et retraits de deuil.
Au plan artistique, Sinza excelle dans un genre nommé "Soukous" dont il fut le promoteur. Un style caractérisé par un rythme saccadé, soutenu par la guitare solo et le jeu de la tumba jusqu'à la fin de la chanson. De succès en succès, Sinza connaît une ascension fulgurante dans l'arène musicale congolaise et attire plus d'un mélomane lors de ses différentes prestations à Brazzaville et dans les autres localités du pays, notamment Pointe Noire, Dolisie, Nkayi, Owando, Kinkala...
Des succès qui le rendront célèbre, se comparant au célèbre Club de football ghanéen "Ashanti Kotoko de Kumasi" qui, pour la petite histoire, domine le football africain après avoir remporté successivement deux coupes d'Afrique des clubs champions au cours de la décennie 1960. Cet orchestre optera alors pour la dénomination de "Sinza Kotoko" afin de mettre en valeur sa célébrité dans le paysage musical congolais.
L'arrivée de Pierre Mountouari (chanteur et frère cadet de Kosmos Mountouari) , en 1968, est un tournant dans le parcours musical de Sinza Kotoko. Ce dernier va jouer non seulement un rôle important dans l'affermissement du groupe, mais aussi apporter une nouvelle couleur dans son répertoire, à travers ses titres tesl "Vévé", "Ma Loukoula", "Maoungou", parus aux éditions Pathé Marconi. Titres qui inaugurent véritablement l'ère de la valorisation du Sébène ayant pour base la cadence dont les orchestres Bella Bella des frères Soki et Zaïko Langa Langa vont s'en approprier au fil des temps.
Il sied de noter que le succès le plus phénoménal de Sinza Kotoko est sa participation à Tunis, en juin 1973, au premier Festival panafricain de la jeunesse où il a séduit tout un peuple et obtenu la médaille d'or, en dépit de la présence du Seigneur Tabu Ley Rochereau et l'Afriza. Au cours de ce festival, Sinza Kotoko bénéficie de l'apport au niveau de l'attaque chant de Ange Linaud Ndjendo et de Théophile Bitsikou Théo de l'orchestre les Nzoi. De retour de Tunis, l'orchestre abandonne son fief de Ouénzé et s'installe au bar Pigalle de Bacongo (actuel site du marché total).
En 1975, Pierre Mountouari fait défection et crée son propre groupe dénommé "Les Sossa". Une défection qui fut un coup dur pour le groupe car ce dernier était l'une de ses têtes d'affiche de par la plus-value qu'il y apporta. Notons que nanti d'une discographie de plus d'une soixantaine de disques produits entre 1969 et 1975, Sinza Kotoko est l'orchestre le plus populaire du Pool Malebo en Afrique de l'Ouest et dont le secret du succès réside dans la prédominance de son rythme et la danse Soukouss.
Les conflits internes et la conjoncture difficile que connaît le groupe vers la fin de la décennie 1970 ont été à l'origine de sa dislocation, après une sublime épopée dans la sphère musicale congolaise. Fin !