Ile Maurice: Révélations sur l'affaire Lutchigadoo

Mahesh Rajiah, également connu sous le nom de Turbo et témoin dans l'affaire Lutchigadoo, a juré un affidavit le 10 juillet en présence de ses avocats, affirmant vouloir rétablir la vérité.

Ce mécanicien de 33 ans prévoit de faire des dénonciations. L'habitant de Quatre-Bornes avait été interrogé par la police dans le cadre de l'affaire Lutchigadoo en juin 2020, étant soupçonné d'être impliqué dans le trafic de drogue. Pour rappel, Kusraj Luchigadoo attend un jugement dans le sillage d'un trafic de drogue le 27 février 2018, dont la valeur est estimée à Rs 33 millions.

Dans l'affidavit qu'il a déposé par le biais de son avoué, Me Pazhany Rangasamy, devant la Cour suprême, Turbo a révélé le «vrai» nom d'un des suspects cités, à savoir Keshav Ramsurn. Il y revient sur toute l'affaire et raconte comment il a fait la connaissance de ce «soi-disant» Keshav Ramsurn.

Il explique dans le document qu'en décembre 2017, alors qu'il se rendait sur son lieu de travail, il a vu qu'un conducteur avait des problèmes de voiture. Il se serait dirigé vers ce dernier pour lui demander s'il aurait besoin d'un mécanicien. Après avoir examiné la voiture, il se serait rendu compte que le moteur était mort, selon ses dires.

Turbo aurait alors proposé de faire des réparations sur la voiture du conducteur et ils se sont rendus à l'avenue Bassin, Quatre-Bornes, où se trouve le garage du jeune homme. Ce dernier aurait aussi constaté que l'alternateur ne chargeait pas et Turbo lui aurait proposé d'acheter un autre alternateur pour la somme de Rs 13 000. Avant de partir, l'individu lui aurait laissé son numéro de téléphone et se serait présenté comme un dénommé Keshav Ramsurn.

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Au cours de la journée, le mécanicien a appelé Keshav Ramsurn pour lui demander si tout allait bien avec sa voiture, mais ce dernier a commencé à l'insulter en l'accusant d'avoir vendu un alternateur défectueux. La situation a dégénéré et Keshav Ramsurn a exigé un remboursement, tout en menaçant de lui rendre la vie infernale s'il refusait.

Ils ont échangé plusieurs coups de fil et finalement ,Turbo explique qu'il a accepté de le rembourser pour ne plus recevoir de menaces. Ils se sont mis d'accord pour effectuer des paiements par tranches. Le 28 février 2018, Turbo allègue que Keshav Ramsurn, accompagné de quatre autres personnes, aurait débarqué à son domicile pour l'agresser.

Keshav Ramsurn l'aurait menacé de ne pas divulguer ses informations à quiconque, ni à la police ni à l'Anti Drug and Smuggling Unit (ADSU), encore moins aux officiers de l'Intelligence Unit. Il l'aurait menacé de le tuer, affirmant être quelqu'un de puissant. «J'étais certes blessé mais par crainte, je ne me suis pas rendu à l'hôpital», affirme le plaignant.

En juin 2020, en rentrant chez lui, il devait constater qu'une fouille policière avait été effectuée dans sa maison et que rien de compromettant n'avait été trouvé. Il a été conduit au bureau de l'ADSU de Plaine-Verte pour un interrogatoire sur la relation qu'il entretenait avec Rakesh Saulick, étant donné qu'il utilise une carte SIM enregistrée au nom de Saulick.

Il a alors appris que lors d'une opération de livraison, la police avait procédé à l'arrestation de trois hommes, à savoir Frederick Annea, un dénommé Dilmahammed et Kusraj Lutchigadoo, qui utilisait le prénom Keshav Ramsurn. «Dans ma version à la police, j'ai expliqué que je connaissais Kusraj Lutchigadoo car je faisais des travaux de mécanique pour ce dernier. Les policiers ont ensuite noté que Kusraj Lutchigadoo avait l'habitude de m'appeler en utilisant plusieurs numéros, mais ce n'est pas vrai. Sauf que le sergent de police a refusé de faire la modification dans mon statement et m'a proposé de le faire en cour. Je maintiens que ce n'est que sur un seul numéro que Kusraj Lutchigadoo m'appelait», persiste et signe le plaignant.

Les officiers l'ont informé qu'ils étaient en possession d'un relevé téléphonique de son numéro et que, selon un des suspects arrêtés, Kusraj Lutchigadoo était celui qui se faisait appeler Keshav Ramsurn et qui utilisait le numéro que le premier conducteur lui avait remis.

En mai 2024, soit après six ans, alors qu'il se trouvait dans un snack à Beau-Bassin, il a revu le premier Keshav Ramsurn. «Je lui ai fait part de la visite des policiers chez moi et de mon interrogatoire. Le principal concerné était effrayé et stressé. Mais je l'ai rassuré que je n'ai point fait mention de lui. Ayant partagé son numéro, il m'a demandé de l'appeler et a dit qu'il me fournirait des cannabinoïdes synthétiques, ce qui me permettrait de faire un business lucratif. Je lui ai répondu par la négative.» Il lui a dit qu'il aurait plutôt besoin d'une aide financière.

Il explique que trois semaines plus tard, alors qu'il était dans le Nord pour acheter des pièces de rechange, il a aperçu Keshav Ramsurn au volant d'une Toyota 2024. C'est alors que le plaignant soutient qu'il a appris le vrai nom de ce dénommé Keshav par un individu présent. Il s'est aussi rendu compte que c'était cette même personne qui était poursuivie sous le nom de Kusraj dans l'affaire. Toujours selon sa version, Mahesh Rajiah a décidé de se rendre au bureau du Central Crime Investigation Department le 10 juin, avant d'être informé qu'il devait attendre le dossier de l'affaire du Directeur des poursuites publiques.

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