Centrafrique: Le ministère de la Défense dément toute responsabilité dans la mise en scène de corps décapités

En Centrafrique, le ministère de la Défense dément toute responsabilité dans la mise en scène macabre qui circule depuis le début de la semaine sur les réseaux sociaux : la photo de deux hommes décapités. Les autorités reconnaissent que le chef de guerre José Befio a été tué avec un autre coupeur de route lors des affrontements, mais elles affirment ne pas avoir d'information sur ce qu'il est advenu de leurs corps et ne pas pouvoir identifier ceux qui apparaissent sur la photo.

Deux corps suppliciés en position assise, dos au mur, leurs têtes coupées posées entre leurs mains. L'image a aussitôt rappelé à Enrica Picco, de l'International Crisis Group, que la violence extrême du début de la guerre civile entre les séléka et les anti-balaka, il y a 10 ans, n'avait jamais cessé.

José Befio, fut lui-même instigateur à l'époque de nombreuses exactions contre la population en Centrafrique, notamment peule. Au début des années 2020, il aide les forces du président Faustin-Archange Touadera à repousser l'offensive de la coalition rebelle CPC sur Bangui. Son intégration ensuite dans l'armée ne lui ayant pas semblé suffisamment profitable, il redevient chef rebelle.

Des « crimes odieux »

Dans son communiqué, jeudi 25 juillet 2024, le ministre Rameaux-Claude Bireau salue, au contraire, la réussite de l'opération des forces armées centrafricaines (Faca) et leurs alliés russes contre un groupe rebelle formé d'anciens anti-balaka ayant intégré puis quitté l'armée dans la sous-préfecture de Bouca, préfecture de l'Ouham.

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Règlement de comptes sur fond de prédation minière, vengeance ou message de terreur adressé à ceux qui envisageraient de ne plus soutenir les Faca et leurs alliés ? L'opposant centrafricain Martin Ziguélé condamne des « crimes odieux ». Le président du parti MLPC « réitère la nécessité de combattre les criminels [...] qui sévissent contre les populations civiles », mais rappelle qu'ils doivent être arrêtés et remis à la justice.

Abdoulaye Diarra, chercheur pour Amnesty, appelle la justice centrafricaine à enquêter. Mais selon Enrica Picco, de International Crisis Group, il sera très difficile d'établir exactement qui est l'auteur des décapitations. « Il est important de rester vigilant face à l'intégration systématique de milices au sein de l'armée », ajoute-t-elle.

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