À Antananarivo, des cliniques mobiles pour dépister gratuitement le cancer du col de l'utérus sillonnent les quartiers jusqu'à la fin du mois de juillet. Deuxième cause de mort par cancer pour les femmes dans le pays, il est trop souvent détecté à un stade avancé, en raison du coût des soins et d'un accès limité aux services gynécologiques. Alors pour inverser la tendance, l'ONG française Douleurs sans frontières (DSF) sensibilise et prévient via une campagne de dépistage massive.
C'est un moment de démonstration inhabituelle dans la cour du centre de Santé de base d'Ambohipo. Équipé d'un spéculum et d'un écouvillon, une sage-femme explique et rassure les patientes avant leur dépistage. Honja, 21 ans, sort justement du camion converti en clinique-mobile : « J'ai eu peur que le test soit positif, mais il s'avère que c'est négatif. Le dépistage n'est pas douloureux, juste un peu désagréable. C'est la première fois que je fais une consultation gynécologique, car c'est très cher. »
Sans symptômes apparents ni douleur, très peu de femmes passent la porte des centres de dépistage. Résultat, les soins des cancers découverts à un stade avancé sont aussi les plus lourds à financer. « Quand vous avez un cancer du col de l'utérus, suivant le stade, un traitement complet peut compter plus de 1 000 euros. Les gens vont s'endetter, demander à leur famille pour y arriver et, parfois même, ne pas finir les cures. On est sur une population qui n'a pas accès à cela », explique Claire Bertin, coordinatrice médicale de Douleurs sans frontières.
Sans accès aux soins conventionnels, les méthodes traditionnelles deviennent alors le recours naturel pour les malades, bien qu'elles ne puissent se substituer à un traitement adapté. « Il y a beaucoup de femmes qui utilisent la méthode décoction, par exemple, parce que tout simplement, elles n'ont pas les moyens. En fait, on utilise des feuilles, on les fait bouillir dans de l'eau et on boit ça. C'est comme une sorte d'infusion contre le cancer », souligne Alexandrinah, sage-femme de l'association.
Ancrer le dépistage, comme un examen de routine chez les femmes, est un enjeu de santé publique à Madagascar, comme dans le reste de l'Afrique. Détectés tôt, 90 % des cancers du col de l'utérus seraient évitables. Avant le 31 juillet prochain, Douleurs sans frontières espère cibler 400 femmes dépistées.
À Antananarivo, les dépistages gratuits se poursuivent les 29 et 30 juillet à l'université d'Ankatso et le 31 juillet au parvis d'Analakely.