Des actions anticipatoires au phénomène d'El Nino dans la partie sud de la région Atsimo-Andrefana sont menées depuis quelques mois. Des jeunes adolescentes ne sont plus en mariage précoce.
Une adolescente qui se marie à 14 ans est chose courante dans bien des districts de la région Atsimo- Andrefana. La culture du «valifofo », consistant à offrir son enfant encore dans le ventre de sa mère à un mari prédestiné, est respectée depuis des générations. « En période de soudure et surtout en saison du kere où la nourriture se fait rare, de nombreuses familles sont en difficulté, notamment dans les districts d'Ampanihy et de Betioky Sud.
Comme alternative, des parents offrent leur jeune adolescente au mariage afin d'obtenir des dots, souvent des zébus ou de l'argent. Le « valifofo » est une pratique normale chez certaines familles et localités », explique Maurice Rasoavelo, responsable de Projet protection de l'enfant au sein de l'ONG CDD (Comité diocésien de développement). C'est pourtant considéré comme une violence envers les enfants au regard de la loi et des détails soulignés dans les droits des enfants. Aussi, des actions anticipatoires ont-elles été menées par l'ONG et l'Unicef dans six communes.
« La sensibilisation est la clé de réussite d'un tel projet. Il faut informer les parents et les communautés du danger qui plane sur les jeunes enfants forcés à se marier à leur très jeune âge. Nous faisons appel à des membres des communautés pour atteindre les parents», ajoute le responsable de projet. Quinze parents pour chacun des cent quarante fokontany ont été ciblés pour la première vague du projet et les actions intenses de sensibilisation ont été menées pendant deux mois.
Des comités de protection de l'enfant (CPE) sont mis en place et sélectionnent les cas à travailler par fokontany. Ils sont composés, entre autres, des autorités des communes et fokontany, des femmes connaissant bien les situations des divers parents, et des facilitateurs.
Scolarisées
L'ONG a eu le privilège d'avoir érigé le système de mise en place de « femmes leaders » dans les autres projets qu'elle met en oeuvre dans ces localités du sud.
Les cent quatre femmes leaders impliquées prennent en charge les formations-sensibilisations de près de deux mille personnes au sein, entre autres, d'un dispositif appelé « école des papas», tourné autour de cinq thèmes sur les droits des enfants. « Un arrêté communal sur le refus de mariage d'enfants est en vigueur dans six communes d'Ampanihy et de Betioky.
Un « dina » ou pacte social est également décidé entre les membres des communautés et à appliquer aux parents qui ne respectent pas les droits des enfants. Près de vingt parents ont décidé de retirer de suite leurs enfants des mariages précoces, et leurs filles sont retournées vers leurs familles pour être scolarisées », détaille Maurice Rasoavelo.
Un père de famille à Manakaralahy, Ejeda, a envoyé trois de ses filles au mariage mais les a reprises quelques mois par la suite. Les membres du CPE l'ont aidé à récupérer ses filles, selon les explications. «Cette première vague a permis de sauver des jeunes filles de 14 à 17 ans dans des communes comme Amboropotsy, Beahitse, Ejeda, Maroarivo, Andranomangatsiaka, Salobe. La deuxième vague est attendue pour reprendre incessamment. »
MiotiSoa Mare