Ile Maurice: Pitoyables

Toutes proportions gardées, et surtout vu de Washington, DC (où je suis en visite privée/familiale), la tentative inédite de forcer l'entrée du Parlement du jeudi 18 juillet, à Port-Louis, pourrait rappeler l'assaut de triste mémoire du Capitole le 6 janvier 2021.

En ce jour noir de l'histoire politique des États-Unis, des émeutiers pro-Trump avaient interrompu, au congrès, le vote de certification de l'élection de Joe Biden. Des instants inimaginés jusqu'alors dans l'histoire contemporaine de Washington, DC, mais aussi à Port-Louis. Même sous Sooroojdev Phokeer, (qu'il se soigne et repose en paix), on n'avait jamais vu un tel spectacle pitoyable, affligeant, entendu de tels cris de guerre, ou vu de telles images - filmées de surcroît, en direct, par une députée suspendue !

Comme aux États-Unis, on est tombé bien bas à Port-Louis le jour de l'élection d'Adrien Duval comme speaker de l'Assemblée nationale. Qu'on soit d'accord ou pas avec le personnage choisi pour remplacer Phokeer ou par les tractations éminemment politiques entourant la nomination d'Adrien Duval (nomination qu'on avait annoncée en primeur à la surprise quasi générale).

Il est grand temps qu'après les heures sombres sous l'ère Phokeer que le Parlement mauricien, avant qu'il ne soit dissous, retrouve un tant soit peu de sérénité afin que les Mauriciens ne tournent pas le dos complètement à la démocratie dont la chute ne cesse d'être accentuée, comme le démontrent plusieurs études et baromètres. Cette descente aux gémonies est d'abord et avant tout provoquée par les hommes et femmes politiques que nous avons élus et dont plusieurs ne nous font pas honneur.

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Si les Romains nous ont appris que du Capitole à la roche Tarpéienne, il n'y avait qu'un pas, nos élus de l'opposition, sans consulter leurs conseillers juridiques ou les textes de loi, ont choisi le sensationnalisme en vociférant : «illégal» quand Adrien Duval prêtait serment, tout en bousculant les policiers et en faisant un désordre infernal sous les caméras. Un show pathétique et grotesque puisque ce n'était pas illégal, comme sont venus ensuite le confirmer... deux éminents légistes proches de l'opposition travailliste, de surcroît anciens speakers, nommément Kailash Purryag et Razack Perroo.

ncapables de soutenir leurs cris de guerre par des arguments juridiques, Boolell et Bérenger, entre autres, ont alors changé de refrain ! Sans s'excuser du désordre qu'ils ont provoqué dans les couloirs du Parlement. Un baroud du déshonneur, où la lie des opposants est venue se vautrer dans le temple sacré de notre pays. Le lieu sacro-saint où jadis un sir Harilal Vaghjee exerçait afin de préserver, protéger et défendre la Constitution du mieux de ses capacités exceptionnelles.

Ces jours-ci après leurs fausses charges, le changement de posture vis-à-vis du remplaçant de Phokeer est non seulement manifeste mais pitoyable. Élus pour être au Parlement, ils imposent des conditions pour leur retour, alors même que le DPP aura à déterminer s'il y a matière à poursuivre trois d'entre eux, à la suite de la motion de Steve Obeegadoo, qui ne rate pas une occasion pour clouer au pilori ses anciens camarades du MMM sur la question de démocratie parlementaire.

Au-delà des changements annoncés par le nouveau speaker par rapport aux collectivités locales et à l'accès au Parlement (quand celui-ci ne siège pas), qui constituent un revers positif, l'opposition PTr-MMM-ND, qui mélange politique politicienne et décorum parlementaire, ne sait plus, en fait, sur quel pied danser face au nouveau speaker, élu donc en toute légalité et qui tente de décanter la situation. Ils sont incapables aussi de saluer l'ère post-Phokeer (qui, lui, savait leur rabattre le caquet en criant plus fort qu'eux et en les expulsant à tour de bras) tant qu'ils sont focalisés sur le petit jeu politicien.

La question est donc inversée : qui est dans l'illégalité et le faux maintenant ?

Après leur assaut contre le Parlement qui siégeait, dont ils auront à répondre devant la loi et l'histoire, ils n'ont pas pu aller en Cour suprême, n'est-ce pas? C'est sans doute Nando Bodha qui a compris le mieux l'enjeu démocratique dans une lettre adressée au speaker Duval, quand il écrit respectueusement : «Honourable Speaker, in the higher interest of the Republic I am writing to you to reset the relationships between the Members of the National Assembly and the Chair. As Member of the National Assembly and leading member of LINION MORIS, I humbly believe that despite the political canyon which exists between the Chair and Honourable members of the parliamentary opposition...»

 

L'entrée orchestrée de Jyoti Jeetun dans les rangs du MMM provoque-t-elle directement ou indirectement la démission de Sheila Bunwaree des instances mauves ? Toujours est-il que l'ex-CEO du groupe Mont-Choisy, pressentie pour être une mini-PM pour le MMM, voire responsable de la planification économique et du développement si l'opposition l'emporte, et si surtout Navin Ramgoolam oublie les épisodes du passé au SIT, tient manifestement un discours à l'opposé de celui qu'a tenu, mardi dernier, la fille du leader du MMM dans les colonnes de l'express par rapport aux liens entre l'environnement et le développement foncier. On dirait le jour et la nuit sans les nuances de gris.

Si l'opposition parlementaire veut être crédible, elle doit arrêter de souffler le chaud et le froid !Les artifices ne sont plus bien vus, surtout quand ils sont aussi grossiers.

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