Ile Maurice: Meurtre, violence conjugale et infidélité dévoilés

Nancy Geralda Catapermal Merle, âgée de 27 ans, a été retrouvée morte dans des circonstances troublantes à son domicile. Les soupçons de violences conjugales et de liaison extraconjugale entourent cette tragédie alors que son mari, Jonathan Merle, a fini par avouer son implication dans sa mort.

Le dimanche 2 juin, vers 17 heures, le père de Nancy Geralda Catapermal Merle reçoit un appel troublant de son gendre, Jonathan Merle, qui lui explique que sa fille s'est écroulée au sol. Peu après, il rappelle pour dire qu'elle ne respire plus et qu'il a déjà alerté les services d'urgence. Lorsque les proches de Nancy arrivent à son domicile, ils sont choqués de voir la moitié du corps de la jeune femme sur un matelas pour enfant, l'autre moitié sur le sol, avec des traces de vomissure sur ses vêtements et le matelas.

Les urgentistes constatent son décès et son corps est transporté à la morgue de l'hôpital Dr Bruno Cheong, Flacq, pour l'autopsie. Cependant, l'époux refuse l'autopsie, expliquant que sa femme était diabétique et obèse. Il fournit un certificat de santé montrant que Nancy avait plusieurs complications de santé et demande qu'un post mortem soit fait à la place. Ce dernier conclut que la jeune femme est décédée de cause naturelle.

Les funérailles de Nancy Geralda Catapermal Merle ont eu lieu le 4 juin. Cependant, en apprenant son décès subit, ceux qui connaissaient le calvaire de Nancy n'acceptent pas qu'elle soit morte de cause naturelle. Jenssy Vythilingum Sabapathee, qui était la confidente de la jeune femme, partage cette opinion. Quelque temps après le décès, la tante de la victime prend contact avec Jenssy, lui expliquant quelques faits. Peu de temps après, lorsqu'elle rencontre les proches de Nancy, elle apprend qu'ils ont découvert plusieurs zones d'ombre.

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Jenssy apporte également des preuves que la jeune femme était victime de violence conjugale. Une plainte est déposée au poste de police de Flacq le 13 juin par les proches de Nancy, en présence de Me Sheren Govinden. Le lendemain, Jenssy est auditionnée en tant que témoin et fournit les preuves aux policiers. Selon elle, l'époux était contre l'idée que sa femme accouche de leur deuxième enfant. Il lui a demandé de se faire avorter lorsqu'il a appris sa grossesse.

La relation, déjà tendue, s'est détériorée après l'accouchement du deuxième bébé. Jenssy explique également aux policiers que les maîtresses du suspect avaient pris l'habitude d'envoyer des messages insultants et dégradants à Nancy.

Lors de son premier interrogatoire, Jonathan Merle prétend que sa compagne avait des complications de santé en raison de plusieurs maladies, comme le diabète et des problèmes cardiaques. Il nie que son épouse ait été victime de violence conjugale. Mais au bout de quelques jours, il finit par craquer et relate dans les moindres détails comment il s'y est pris pour tuer la jeune femme, en présence de leurs enfants en bas âge, Salomé, âgée d'un an et demi, et Yonathan, quatre mois.

Une énième dispute avait éclaté plus tôt au sujet de l'infidélité de Jonathan. Ce dernier avait cassé la tirelire de Nancy pour prendre de l'argent qu'il comptait remettre à sa maîtresse pour qu'elle se fasse avorter. Il a alors asséné un coup de poing à Nancy. Elle a perdu l'équilibre et a atterri sur un petit matelas posé à même le sol. Jonathan, sans le moindre regret, explique aux enquêteurs qu'il a alors pris un oreiller et a étouffé la jeune femme jusqu'à ce qu'elle arrête de bouger.

Menaces de mort à l'encontre d'autres victimes de violences domestiques«Twa osi to pou fini kouma Nancy...»«Les amis proches et la famille n'étaient-ils pas au courant de la violence domestique ? Pourquoi n'ont-ils pas aidé plus tôt ? Pourquoi ne l'a-t-elle pas quitté s'il était si violent ? N'a-t-elle pas fait quelque chose de mal pour mériter cela ? Pourquoi a-t-elle dénoncé la situation après tant d'années si elle dit la vérité ?» Autant de questions et de commentaires souvent proférés à l'encontre des victimes de violences conjugales, souligne Jenssy Sabapathee.

L'activiste sociale, qui a elle-même surmonté la violence domestique, explique que s'il est facile de blâmer la victime du point de vue du tiers et que les victimes sont encouragées à dénoncer la situation, «il n'est pratiquement pas facile pour les victimes de violence entre partenaires intimes d'échapper immédiatement à l'emprise de leur agresseur».

Si de nombreuses femmes trouvent de bons partenaires, il y en a aussi beaucoup qui se retrouvent avec des agresseurs manipulateurs, «qui font semblant de regretter sincèrement, qui demandent des excuses, voire qui pleurent et montrent une affection accrue après avoir infligé des actes de violence à leur partenaire.

Pendant une ou deux semaines, il se montre très gentil avec la victime, puis recommence à lui infliger des violences. Le cycle se répète, plaçant la victime dans un piège émotionnel et mental. Il s'agit également d'un mécanisme de contrôle qui finit par faire naître la peur chez la victime»*.

Il faut aussi prendre en compte que *«des facteurs tels que le fait d'avoir épousé la personne par amour, de penser à la façon dont les enfants grandiraient en l'absence d'un père ou à la difficulté de repartir de zéro en tant que mère célibataire et d'élever des enfants après avoir dénoncé la violence» influencent les décisions des femmes. De même, Jenssy Sabapathee déplore que la masculinité toxique et la perpétuation de la violence à l'égard des femmes soient considérées par certains comme un acte de gloire.

«Depuis que le meurtre de Nancy Merle a été révélé, alors que nous nous battons pour que justice soit faite, d'autres femmes victimes nous ont confié que leurs conjoints leur ont dit : 'Twa osi to pou fini kouma Nancy' ou qu'ils prêtent attention à la façon dont Jonathan Merle a caché ses actes.»

La page Respecter Nous de Jenssy a permis d'élucider plusieurs cas

Jenssy Vythilingum Sabapathee, âgée de 42 ans, consacre sa vie à soutenir les victimes de violences domestiques. Mère de deux adolescents de 16 et 17 ans, elle est la fondatrice de la page Facebook Respecter Nous, créée en 2020 dans un élan de solidarité envers les femmes victimes de violence conjugale. Jenssy incarne le courage, la compassion et la détermination. À travers son engagement, elle a touché et transformé de nombreuses vies, prouvant que même face à l'adversité, un seul individu peut faire une différence significative. Cette initiative est née après un incident tragique où Clara (voir plus loin) a été agressée et ébouillantée par son mari en direct sur Facebook.

Profondément touchée par cette situation, Jenssy, elle-même survivante de violences conjugales, a décidé de lancer Respecter Nous pour apporter une aide concrète et un soutien moral aux femmes en détresse. Depuis sa création, la page a permis à plus de cinquante femmes de mettre fin à des relations violentes. Aujourd'hui, Respecter Nous compte plus de 6 400 abonnés, et est devenue une plateforme essentielle pour les victimes cherchant refuge et conseils.

Jenssy, déjà impliquée dans le secteur social, a intensifié son engagement depuis 2020. Elle accompagne les victimes, les aide à se reconstruire et leur offre un soutien légal grâce à son rôle d'assistante légale. Le groupe Respecter Nous ne se limite pas aux femmes victimes de violence domestique.

Jenssy intervient également auprès d'enfants maltraités par leurs parents et de parents subissant la violence de leurs enfants tombés dans la drogue. Un des cas les plus marquants pour Jenssy est celui de Nancy, une jeune femme qui a commencé à communiquer avec elle en 2024 sous prétexte d'aider une amie. Au fil des échanges, Nancy a révélé ses propres souffrances et, avec l'encouragement de Jenssy, a demandé une ordonnance de protection. Malheureusement, le 2 juin, Nancy est décédée et Jenssy a immédiatement suspecté l'implication de son mari. Elle a constaté que la page Facebook et le compte TikTok de Nancy avaient été désactivés.

Peu de temps après, la tante de Nancy a contacté Jenssy, partageant ses propres préoccupations sur les circonstances de la mort de sa nièce. Ensemble, elles ont décidé de signaler l'affaire à la police de Flacq. Jenssy a présenté des preuves de la violence subie par Nancy, menant à l'arrestation de son mari Jonathan, qui a fini par avouer lors de l'interrogatoire.

Clara... ligotée, battue et ébouillantée La vidéo de l'agression de cette jeune femme de 24 ans a fait le tour des réseaux sociaux en 2020 et a choqué plusieurs internautes. Le 8 juin, les choses ont pris une tournure dramatique pour Clara lorsque son mari, Trevor, est rentré à la maison sous l'effet de drogues synthétiques. Soupçonnant Clara d'infidélité, il l'a physiquement et psychologiquement agressée, allant même jusqu'à la ligoter et lui jeter de l'eau bouillante sur les parties intimes, tout en filmant la scène.

Clara a enduré cette torture en silence jusqu'à ce qu'elle décide de fuir trois jours plus tard, emportant la carte mémoire contenant la vidéo de son calvaire. Avec l'aide d'une voisine, Clara a contacté la police et a été emmenée à l'hôpital. Sa belle-mère a ensuite déposé son bébé chez la soeur de Clara. Clara a obtenu une ordonnance de protection provisoire tandis que Trevor a été arrêté le 3 juillet. Il a prétendu que tout cela était une plaisanterie qui avait mal tourné, mais Clara affirme que l'eau utilisée était bouillante.

Trevor a été poursuivi sous la Domestic Violence Act et après avoir payé une caution de Rs 4 000, il a été condamné à une amende de Rs 35 000. Clara, outrée par cette décision a porté plainte pour tentative d'assassinat et a sollicité l'intervention de la Cyber Crime Unit pour stopper la diffusion de la vidéo.

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