La directrice régionale de l'ONUSIDA pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre, Berthilde Gahongayiri, a lancé au niveau régional, le rapport mondial actualisé sur le VIH 2024, le 23 juillet dernier à Dakar, sous le titre : « L'urgence du moment : le SIDA à la croisée des chemins ». Le rapport révèle, entre autres, que la région n'est pas sur la bonne voie pour atteindre les objectifs fixés pour 2025, en ce qui concerne les nouvelles infections ou les décès liés au SIDA.
L'état de la riposte au VIH en 2023 dans la région de l'Afrique de l'Ouest et du Centre est connu. Après le lancement mondial du rapport sur le SIDA, cette région de l'Afrique a procédé à son tour à un lancement régional. Et, c'est la directrice régionale de l'ONUSIDA pour ladite région, Berthilde Gahongayiri, qui a lancé le rapport : « L'urgence du moment : le SIDA à la croisée des chemins ». Elle a souligné que certains ont tendance à croire que le SIDA a été éradiqué, mais malheureusement, il est toujours là.
Des progrès ont été enregistrés, a-t-elle dit, dans la région en termes de diminution de nouvelles infections et de décès liés au VIH.
« Nous avons progressé en termes de baisse des nouvelles infections, sauf chez les adolescentes. Nous avons progressé dans l'accès au traitement, mais très peu d'enfants ont accès au traitement antirétroviral. Le nombre de décès à VIH a diminué. Les ressources internationales allouées au VIH ont augmenté et malheureusement les ressources allouées par les pays ont diminué ce qui accroit leur dépendance vis-à-vis des donateurs », a apprécié Mme Gahonga.
Selon le rapport, en Afrique de l'Ouest et du Centre, 5,1 millions de personnes vivent avec le VIH, la diminution des nouvelles infections depuis 2010 est de 46% (196 000), le nombre de décès a diminué de 55 % (130 000 décès). Des évolutions, certes, mais l'arbre ne doit pas cacher la forêt. « La région n'est pas sur la bonne voie pour atteindre les objectifs fixés pour 2025 en ce qui concerne les nouvelles infections ou les décès liés au SIDA », a affirmé le rapport.
En effet, le monde s'est fixé comme objectif d'atteindre les trois 95 en 2025, c'est-à-dire que 95% des personnes atteintes de VIH connaissent leur statut, que 95 % des personnes connaissant leur statut soient traitées et que 95 % des personnes traitées avec des antiviraux aient une charge virale indétectable. Pour la région, 81% des PVVIH connaissent leur statut, 76% reçoivent un traitement antirétroviral et 70% ont une charge virale supprimée.
La situation des enfants, adolescents et jeunes
Si de façon globale, on constate une diminution de nouvelles infections dans la région, elles restent élevées au niveau des populations clés, les adolescentes et jeunes filles. Par exemple, en 2023, les adolescentes et les jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans représentent 19% de toutes les nouvelles infections à VIH.
Le rapport souligne que les messages relatifs à l'utilisation des préservatifs ne semblent pas avoir d'impact chez les jeunes, malgré leur impact sur la prévention du VIH, des IST et des grossesses non désirées.
Le VIH pédiatrique est une priorité dans la région, mais seulement un peu plus d'un tiers (35%) des enfants vivants vivant avec le VIH reçoivent un traitement en 2023. Aussi, beaucoup de femmes enceintes vivant avec le VIH ne sont pas sous traitement.
« La région abrite 20% des femmes enceintes vivant avec le VIH dans le monde mais environ la moitié d'entre elles (46%) ne suivent pas de traitement. Cependant, une combinaison d'engagement politique fort, d'expertise technique et de mobilisation communautaire est nécessaire pour poursuivre les progrès vers la prévention de la transmission verticale du VIH », précise le rapport.
Selon le représentant de la société civile, le directeur exécutif Réseau Eva, Dr Gires Ahognon, 99% de la contamination des enfants sont issues des contaminations de la mère à l'enfant. Si on arrive à stopper cette contamination on mettrait fin au VIH pédiatrique.
Pour y parvenir il faudra identifier toutes les femmes vivant avec le VIH et de les mettre sous ARV.« Nous avons intitulé ce rapport l'urgence du moment : le SIDA à la croisée des chemins, parce que nous pensons qu'une combinaison d'engagement politique fort, d'expertise technique et de mobilisation communautaire est nécessaire pour poursuivre les progrès vers la prévention de la transmission verticale du VIH.
Si nous intensifions la prévention, si nous travaillons à éliminer les inégalités entre les sexes et si nous mettons fin à la stigmatisation et de la discrimination liées au VIH, alors nous serons sur le bon chemin pour mettre fin au SIDA d'ici 2030 », a reconnu Mme la directrice régionale de l'ONUSIDA, pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre, Berthilde Gahongayiri. La conclusion du rapport est qu'on peut mettre fin au SIDA, si les dirigeants prennent des mesures audacieuses nécessaires pour garantir des ressources suffisantes et pérennes et protéger les droits humains.