Cameroun: Georgette Ngaleu Kameni, la mère des orphelins

29 Juillet 2024
interview

Georgette NGALEU KAMENI est une âme lumineuse dont la générosité et l'engagement indéfectible en France et au Cameroun rayonnent à travers ses oeuvres de bienfaisance. En sa qualité de présidente Fondatrice de l'association « NKWE'NI » de Grenoble en France et promotrice du centre d'accueil « POO NKWE'NI » de Bafang au Cameroun, chef lieu de son Haut-Nkam natal, elle incarne une bienveillance profonde. Depuis une quinzaine d'années environ, cette femme au grand coeur veille sur ce centre qui accueille les enfants vulnérables du Cameroun et bien d'autres actions sociales à l'international. Lors d'un entretien empreint de sincérité avec l'équipe d'afriksurseine, elle nous a dévoilé une part de son humanisme touchant. Découvrez cette rencontre inspirante...

Bonjour Mme NGALEU KAMENI, pour commencer, pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Je suis Georgette, communément appelée « MAMIE NKWE'NI » depuis la création de NKWE'NI en 2011. Je suis née à Moumée-Fondjomoko dans l'arrondissement de Kékem. Aînée d'une fratrie de six enfants, je suis au début de la cinquantaine. Je vis entre la France et le Cameroun depuis peu. J'ai décidé de me consacrer entièrement aux causes des personnes vulnérables en général, en créant davantage de structures sociales et éducatives pour les socialiser, les épanouir et les insérer dans la vie active.

Voudriez-vous partager avec nous votre parcours scolaire et professionnel ?

Après un BAC littéraire en 1997 à Libreville, au Gabon, je suis passée par l'université de Douala avant de rejoindre l'Occident, où j'ai suivi des formations en action commerciale, en management et enfin en gestion de projets humanitaires et sociaux. Dès lors, j'ai exercé dans plusieurs corps de métiers car je suis assez polyvalente et philanthropique. De l'action commerciale au Cameroun à TAC (Tôles & aciers du Cameroun), passant par les Pays-Bas et l'Afrique du Sud où j'ai managé des entreprises à échelles différentes, j'ai continué en France dans le socio-éducatif et humanitaire. En mars 2024, j'ai quitté mon poste d'assistante socio-éducative à la fondation Georges BOISSEL pour davantage me consacrer aux oeuvres sociales et humanitaires. Je suis actuellement

« COORDINATRICE DE MISSIONS HUMANITAIRES ET DE NKWE'NI-HUMAGROUP« .

Avec mes collaborateurs, plusieurs projets sont en cours d'analyse et de montage, espérant commencer les réalisations avant la fin de cette année. Nous y travaillons.

En tant que présidente fondatrice de l'association NKWE'NI, pouvez-vous nous expliquer la signification de ce nom et les motivations qui vous ont poussée à créer cette association ?

NKWE'NI, en Fe'efe'e, langue parlée autour de Bafang, signifie « AMOUR ». Il s'agit ici d'un héritage sacerdotal venu de ma grand-mère paternelle qui m'a élevée avec beaucoup d'amour. Mon père étant enfant unique, le couple a décidé de s'occuper des enfants vulnérables intra et extra familiaux. Je trouvais cela tellement beau et j'ai grandi avec cet esprit philanthropique. Ma grand-mère est décédée en 2008 à environ 96 ans et malgré son âge, le monde s'est écroulé et une anxiété extrême s'est installée en moi. J'ai développé le SPLEEN. C'est alors qu'elle est venue en rêve me révéler la « CONTINUITÉ DE SES OEUVRES ». J'ai donc créé NKWE'NI à Grenoble en 2011 et POO NKWE'NI à Bafang en 2012.

Quels sont les objectifs de votre association et quelles actions menez-vous quotidiennement pour soutenir ces enfants ?

NKWE'NI s'est donnée pour mission le parrainage des enfants vulnérables du Cameroun en créant des cadres propices pour les accompagner dans la plus grande dignité humaine. Les premiers objectifs du parrainage sont de les sécuriser, les nourrir, les scolariser, les orienter, les former et les insérer dans la vie active. En somme, tout concourt à les construire pour un avenir meilleur. Nous communiquons beaucoup de bouche à oreille, par les réseaux sociaux et via les activités génératrices de revenus (stands d'exposition, repas ou soirées dansantes, brocantes, etc.). C'est ainsi que nous parvenons à avoir des parrains, des membres et des financements pour conduire nos actions au Cameroun. Et bien évidemment, une part de mes revenus mensuels en tant que porteuse du projet.

On sait que vous résidez en France alors que l'orphelinat se trouve au Cameroun. Comment parvenez-vous à gérer cette situation ?

Nous avons sur place une équipe de bénévoles et de salariés qui nous servent de relais. Cependant, je fais plusieurs voyages au Cameroun par an pour les missions de veille.

Après presque 15 années d'engagement, pourriez-vous nous faire part du bilan actuel de vos actions sociales ?

Le bilan est plutôt très satisfaisant car nous avons aujourd'hui des diplômés et des enfants réussis socialement. Nous avons sauvé des vies car beaucoup d'enfants arrivent chez nous presque morts de malnutrition. Nous sommes particulièrement heureux cette année 2024 avec la sélection de notre jeune ULRICH à la NBA. Notre satisfaction est d'autant plus grande car nous avons bien compris qu'il y a beaucoup de bonheur à donner...

Quelle relation entretenez-vous avec les enfants que vous recueillez de diverses manières ?

Pour eux, je suis leur maman dans le sens propre du terme. Ils ne sont certes pas de mes entrailles, mais je suis une maman accomplie. Ce n'est pas rose tous les jours, j'avoue, et comme vous le savez, l'éducation des enfants est un travail de longue haleine, mais ils me comblent de bonheur.

Quels sont vos souhaits pour l'avenir de votre association et de ces enfants ?

Tout d'abord, l'association est en voie de devenir une « FONDATION » afin d'élargir son champ d'action. Nous n'avons plus rien à prouver, les faits sont réels et visibles depuis plusieurs années. Nous souhaitons continuer notre élan de solidarité avec dévouement et détermination, en souhaitant passer la main aux plus jeunes. Car une chose est certaine : on finit tous par s'éteindre, mais c'est toujours plus plausible de partir en ayant laissé de bonnes traces sur terre. Nous souhaitons accompagner un grand nombre d'enfants vers la réussite sur tous les plans et agir sur d'autres secteurs concourant au bien-être des personnes.

Avez-vous un message à transmettre à votre entourage ou au monde entier ?

Eh oui, naturellement. Tout d'abord, un grand merci à tous ceux qui ont cru en moi et m'ont accompagnée jusqu'ici dans cette belle aventure humaine. Je souhaite leur dire que le meilleur reste à venir et je fais ce cri de coeur à chacun et au monde entier : « Agissons pour les causes des personnes vulnérables car il faut tout pour faire un monde plus humain. Il y a beaucoup de plaisir à donner. Elles ont besoin de nous. NOUS AVONS BESOIN DE VOUS ET C'EST ENSEMBLE QUE NOUS POUVONS. C'EST LA PETITE PART DE CHACUN DE NOUS QUI CONSTRUIRA L'ÉDIFICE. »

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