Burkina Faso: Creéation d'une commission de régulation des dysfonctionnements - Une opération de salubrité publique

29 Juillet 2024

C'est l'une des mesures phares du dernier Conseil de ministres. En effet, l'Exécutif a adopté un décret portant création, organisation, composition et fonctionnement d'une Commission de régulation des dysfonctionnements (CRD).

Ce nouvel organe rattaché au cabinet du Président du Faso, aura compétence sur toutes les structures centrales et déconcentrées des administrations civiles, militaires, paramilitaires, des collectivités territoriales, des sociétés d'Etat, des Etablissements publics de l'Etat et les associations d'utilité publique.

La CRD aura pour mission de requérir l'application des sanctions à l'encontre d'un agent fautif et du supérieur hiérarchique qui ne requiert pas la sanction, de veiller à l'application des recommandations non mises en oeuvre des rapports d'audits et de contrôle des structures et des corps de contrôle publics. Elle travaillera à suivre l'exécution des sanctions judiciaires et administratives et à veiller à la mise en oeuvre de leur implication, à assurer le traitement des dénonciations non poursuivies relativement aux faits traités par l'Administration.

On peut le dire. La Transition veut extirper de l'Administration publique, des brebis galeuses et ce faisant, mettre fin à l'irresponsabilité et à l'impunité dans les services de l'Etat. Et c'est tant mieux pour la bonne gouvernance qui était mise à rude épreuve par des agents indélicats qui pouvaient se prévaloir de parrains bien placés pour les protéger.

Il faut craindre que la CRD ne soit limitée dans ses actions, par ceux qui l'ont portée sur ses fonts baptismaux

C'est en raison de cela que l'on peut penser que la création de la CRD est une opération de salubrité publique dans l'Administration publique, qui devrait gagner non seulement en productivité, mais aussi en bonne moralité.

Dans la même dynamique de la bonne gouvernance, l'on peut saluer la création de la CRD comme une suite aux nombreuses recommandations et rapports d'audits et de contrôle qui dorment dans les tiroirs sans impacter positivement la bonne marche de l'Etat. C'est donc une réponse opérationnelle à toutes les bonnes mesures proposées et prises par les structures habilitées de l'Etat et des associations de la société civile pour un meilleur fonctionnement des services publics. Et cela, afin de répondre aux attentes des usagers en particulier et des populations de façon générale.

Cela dit, tout en espérant que la nouvelle structure disposera de moyens nécessaires pour l'accomplissement de ses missions, l'on peut craindre qu'elle ne vienne s'ajouter à la pléthore des institutions étatiques agissant dans le domaine du contrôle des services publics sans véritablement parvenir à mettre fin aux pratiques crapuleuses et mafieuses que l'on connait.

Du reste, l'on sait que les agents indélicats que l'on traque, sont souvent des protégés des gens du pouvoir et comme on le dit souvent, les révolutions n'abolissent pas les privilèges mais créent de nouveaux privilégiés. Il faut donc craindre que la CRD ne soit donc limitée dans ses actions par ceux qui l'ont portée sur ses fonts baptismaux.

A contrario, l'on peut aussi craindre que la CRD ne soit aussi l'instrument de la chasse aux sorcières contre ceux qui se montreraient trop critiques vis-à-vis du régime. Mais en attendant de voir les premiers pas de ce nouveau-né, tout le mal que l'on puisse lui souhaiter, c'est qu'en conjuguant ses efforts avec toutes les structures existantes et avec l'aide de l'arsenal réglementaire qui existe ou à venir, il parvienne à porter l'estocade aux mauvaises pratiques tant décriées dans l'Administration publique où à défaut qu'il les réduise à leur plus simple expression.

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