Afrique du Sud: ANC - Out, mister Zuma !

L'ex-président sud africain Jacob Zuma
analyse

Dehors, monsieur Zuma ! Ainsi en a décidé la commission disciplinaire du Congrès national africain (ANC), statuant hier lundi 29 juillet 2024 sur ce qu'il a qualifié « d'atteinte à l'intégrité » du parti iconique de la lutte contre l'apartheid en Afrique du Sud.

Il aura fallu cette défénestration pour que l'on se rende compte que l'ancien président de la nation arc-en-ciel Jacob Zuma était toujours membre de cette famille politique créée en 1912 à Bloemfontein par John Langalibalele Dube, Pixley Ka Isaka Seme, Sol T. Plaatje et Josiah Tshangana Gumede, pour ne citer que ces founding fathers.

En effet, le tout nouveau proscrit n'a-t-il pas créé en décembre dernier son propre parti, uMkhonto We Sizwe, dans le secret espoir de revenir aux affaires ?

Et pour ce faire, non content d'avoir fait bande à part, le natif de Nkandla, qui a la rancoeur tenace, a pris part aux élections générales de mai dernier contre son ancienne famille politique, au compte de laquelle il a pourtant dirigé l'Afrique du Sud de 2009 à 2018.

Quand bien même il n'aurait pas réussi son pari de come-back à Mahlamba Ndlopfu, résidence officielle du président sud-africain, Jacob Zuma, dont la popularité est toujours assez grande auprès de bien de ses compatriotes, est parvenu à hisser son parti au troisième rang national avec près de 15% des suffrages. Un score pour le moins honorable pour le nouveau parti et qui a porté un lourd préjudice à l'ANC, arrivé en tête mais dépourvu de la majorité parlementaire pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir en 1994.

La suite, on la connaît : c'est au prix de jeux d'alliances, parfois d'alliances contre-nature, que le parti de Nelson Mandela reprendra part à la gestion du pays.

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A la suite de cet acte de bravade, même si l'ancien pensionnaire de la prison de Robben Island continuait de clamer son appartenance à l'ANC, on ne voyait pas comment cela était encore possible.

On pourrait dire que cette exclusion, vue sous un autre angle sonne comme un acte de salubrité politique pour l'ANC dont l'électorat fond comme du beurre au soleil depuis la disparition de Nelson Mandela. La raison ? Ses successeurs ont trahi les espérances de la majorité noire.

En effet, ni Thabo Mbeki, ni Cyril Ramaphosa, actuel chef de l'Etat, et encore moins Jacob Zuma, champion olympique des scandales, n'ont su habiter la fonction présidentielle.

Le dernier cité n'a-t-il d'ailleurs pas été contraint par son propre parti à abdiquer de la magistrature suprême au regard des interminables casseroles qu'il a traînées et continue de traîner ?

Cas de viols, corruption, racket, blanchiment d'argent, ce sont autant d'allégations qui ont marqué le parcours politique du troisième président sud-africain post-apartheid, condamné à 15 mois de prison pour outrage à magistrat, ce qui l'empêche de siéger au Parlement.

Mais Jacob Zuma ne saurait être un cas isolé dans ce microcosme de leaders politiques noirs dont l'avènement aux affaires suscite aujourd'hui désenchantement et désillusion collectifs.

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