Sénégal: Mouhamed Ibrahima Youssoupha Gueye, entraineur de Ibrahima Diaw - « Mentalement, il a des failles »

30 Juillet 2024
interview

Mouhamed Ibrahima Youssoupha Gueye a vécu une matinée cauchemardesque hier, lundi 29 juillet 2024, à l'Arena Sud de Paris. Non seulement, son joueur Ibrahima Diaw n'a pas été capable de conserver son avantage face à son adversaire, pis, il refusait même de lui adresser la moindre parole devant un public médusé. Préférant dédramatiser en attendant les mesures devant etre prises par l'instance fédérale, M. Gueye a quand lâché que Ibrahima Diaw a des « failles mentalement ».

Quel bilan faites-vous du parcours de Ibrahima Diaw ?

C'est mitigé. Pour moi, il y avait largement la place. Il y a eu des petites choses de concentration, mais c'était un bon match. Toutefois, je reste sur ma faim parce qu'il y avait de la place. On aurait pu gagner le match. Après, c'est du très haut niveau mais mon sentiment, il est mitigé.

Vu cette distance qu'il y a eu entre vous et le joueur, est-ce qu'il y avait moyen de faire passer les conseils ?

Je parle fort. J'ai une grosse voix. Je n'ai pas un problème de coaching. Dans tous les cas, il va entendre ce que je dis, qu'il le veuille ou non. Ça s'est joué à des détails mais le problème, c'est que ce qui s'est passé en amont est le fait de se disperser. C'est le détail qui fait la victoire. C'est ce qui a fait la défaite aujourd'hui, le détail. On ne peut être dispersé. On doit être focus sur les choses. Si on laisse de l'énergie dans les choses inutiles, à la fin, on le paie.

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Qu'est-ce vous entendez par se faire disperser ?

On a un pays, on reste concentré pour notre pays, notre fédération, notre hiérarchie. On est ensemble. On ne se disperse pas. C'est ça qui fait performer. Comme j'ai dit dans l'interview d'avant, on va à la guerre ensemble. Si on se disperse, on ne peut pas faire de très grandes choses.

Vous soutenez avoir une grande voix, mais on a comme l'impression que vous parlez dans le vide ? L'image du joueur qui boude son coach est hallucinante.

Ce que je vous dis, c'est la réalité quand il arrive à la table. Moi, je livre la difficulté qui va arriver et je donne des solutions. C'est clair, net et radical et quand il va à la table, ce que je lui ai dit, il voit si ça ne marche pas, qu'il le veuille ou non. Ça c'est radical. Après, c'est lui qui s'est compliqué la vie mais moi je suis dans mon rôle. Je transmets mes connaissances, mon savoir, je le pousse, je l'encourage peu importe son comportement. Je suis au service de mon pays.

On a comme l'impression qu'il ne vous écoute pas. Son adversaire va vers son coach, lui parle mais entre vous deux, il y avait une petite distance. Il ne vous regardait même pas. Il s'adresse à un autre dans les gradins.

Le coach, il est dans les gradins. C'est la personne qui lui donne des conseils. Je sais qu'il lui donne les conseils. Il n'a rien plus que moi. Il faut retirer le complexe. Il ne faut pas être complexé. On est des Sénégalais.

On a du savoir et ça, il faut que tout le monde le sache. Je n'ai aucun complexe vis-à-vis de personne. Je respecte tout le monde. J'analyse ses matches, les décortique. Il mène 5-0 en set. Il perd le set, il baisse l'intensité, il n'est pas focus. Quand tu es à la table, c'est toi qui est à la table, c'est toi le Lion, tu n'as pas besoin de chercher de l'aide extérieur.

Ton coach te donne deux ou trois conseils. Il t'encourage. C'est toi qui vas à la guerre. Personne ne doit prendre la raquette à ta place. Personne ne va te sauver et le problème, il est mental. Techniquement, il est complet. Tactiquement, il est complet. Mentalement, il y a des failles et ça s'est vu dans son comportement et c'est son comportement qui a fait qu'il a perdu, rien d'autre. Il est meilleur que le Hongkongais mais à la fin il a perdu. C'est juste ça et ça c'est une question d'immaturité.

Un joueur qui a 32 ans, vous nous parlez d'immaturité ?

Ça aussi c'est vrai. Mais bon, la fédération va réfléchir à des solutions. On va essayer de l'accompagner. Après, la balle est dans son camp.

Manifestement, il ne veut pas être accompagné ?

L'équation est simple. Je suis la personne la plus expérimentée au Sénégal. J'ai fait les jeux olympiques sans conditions. J'ai fait les médailles africaines sans conditions. J'ai créé toutes les conditions pour que lui après, puisse être à l'aise. Il n'a aucune conscience de ce que j'ai vécu en tant que joueur. Lui, c'est moi qui ai créé ces conditions.

J'ai été nommé par la fédération. Ils ne m'ont pas fait de cadeau. J'ai fait mes preuves. Il y a une hiérarchie, il y a des choses à respecter. S'il ne veut pas les respecter, c'est son problème malheureusement et ma fédération est très ferme là-dessus. J'ai tout le soutien de ma fédération, soit il va s'adapter, soit malheureusement il ne ferait que se compliquer la vie.

Se compliquer la vie mais il faut prendre ses responsabilités à un certain moment donné. Vous n'êtes pas la fédération. Mais, cette image là qu'on renvoie au monde entier n'est digne du Sénégal.

L'équation, elle est simple. Théoriquement, il n'aurait même pas du compétir ici. A la base, il était suspendu. Après, il fait des pseudo-excuses à la fédération, la fédération avait demandé qu'il s'excuse publiquement par le même biais qu'il avait diffamé la fédération, il ne l'a pas fait. On n'a pas voulu envenimer les choses. Donc, on a essayé de venir avec un bon état d'esprit. Tout est transparent avec moi.

J'ai un groupe WhatsApp avec le DTN, toutes les communications sont tripartites pour éviter tout quiproquo chaque jour, un planning est fait, un programme est fait, une communication est faite. Comme ça impossible qu'on vienne nous chercher une faille. Tout est transparent, de A à Z. Après, la fédération prendra ses dispositions mais le plus gros souci, c'est qu'il n'est pas conscient d'une chose. Avant quoi que ce soit, il représente le peuple sénégalais.

Donc, ce n'est pas sa personne. Lui, c'est un 17 000 000ème. La difficulté, elle est là. Après, dans l'absolu, moi je suis un croyant, ça me touche. Je dirai même c'est nul mais bon. J'accepte le repentir sur l'essentiel mais il faut un changement de mentalité parce qu'il se gâche tout. Avec une bonne mentalité, il gagne le match.

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