Gabon: Le Gal Nguema et le gouvernail

Le général Brice Oligui Nguema, président de transition au Gabon
30 Juillet 2024
analyse

Le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema nourrit-il l'ambition de passer du statut de président de la Transition à celui de chef de l'Etat démocratiquement élu au Gabon ?

Cette question mérite d'être posée, puisque la Charte de la Transition autorise le nouvel homme fort du pays à se présenter à l'élection présidentielle d'août 2025. S'il n'a pas encore pipé mot sur le sujet, le Gal Nguema n'ignore certainement pas les appels de plus en plus pressants l'invitant à briguer la magistrature suprême.

Il semble d'ailleurs ne pas bouder le plaisir d'être adulé par nombre de Gabonais, qui n'oublieront pas de sitôt que c'est le tombeur de la dynastie des Bongo. Ils sont nombreux les habitants de ce pays d'Afrique centrale, qui en avaient marre de la gouvernance presque interminable (plus de 50 ans) des Bongo, le fils Ali, ayant succèdé à son père, Omar, à la suite du décès de celui-ci.

L'ex-chef de la garde républicaine, qui a contribué à exaucer le voeu d'une bonne partie de ses compatriotes en chassant les Bongo, est perçu comme un sauveur, avec le capital de sympathie qui va avec. Sa promesse de construire un nouveau Gabon, débarrassé de tous les maux (favoritisme, corruption, pillage des deniers publics...) résonne encore dans les esprits.

Le Gal Nguema surfe donc sur une vague de popularité, qui le rend plus enthousiaste et laisse penser qu'il pourrait bel et bien être candidat à la future présidentielle. Il avait promis remettre le pouvoir aux civils par des élections, dans un délai de deux ans, mais cet engagement peut-il encore tenir la route. Le Gal Nguema peut-il s'effacer au profit d'une tierce personne, étant donné qu'il incarne une sorte de renouveau ?

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Les enjeux liés à la construction d'un nouveau Gabon sont tellement importants, qu'on a du mal à croire à un tel scénario. Le Gal Nguema a, d'ailleurs, entamé, depuis décembre 2023, une tournée à travers le Gabon, dont l'ultime étape est prévue entre le 8 et le 12 août prochain dans l'Estuaire. Simple prise de contact avec les populations ou campagne électorale avant l'heure ?

On ne saurait le dire. Mais de toute évidence, le Gal Nguema a vendu, partout où il est passé, sa vision et ses ambitions pour le Gabon. Il devrait encore aller dans ce sens lors de la dernière étape de sa tournée. N'a-t-il pas promis de changer positivement le quotidien des Gabonais, à travers plusieurs actions, dont entre autres, la construction de routes, d'écoles et d'hôpitaux, le retour des bourses scolaires, une meilleure fourniture de l'eau et de l'électricité.

A voir sa méthode, le président de la Transition gabonaise semble tisser sa toile, si bien qu'il ne serait pas étonnant de le voir répondre favorablement aux appels à candidater à la présidentielle. Cette démarche pourrait lui permette d'être élu au cas échéant, si la confiance placée en lui se confirme dans les urnes et de légitimer son statut à la tête du pays. En l'espèce, le Gal Nguema peut être confiant, vu l'enthousiasme autour de sa personne, à moins que sa réputation ne se dégrade dans l'opinion d'ici à la présidentielle.

Tout est possible en politique. Du reste, le président de la Transition gabonaise doit travailler son image, car aux yeux de certains de ses compatriotes, il apparait comme autoritaire avec un goût prononcé pour le culte de la personnalité. Ces appréhensions sont légitimes, la plupart des Gabonais redoutant de revivre les réalités de l'ère des Bongo. Le Gal Nguema le sait mieux que quiconque et devrait en tenir compte, s'il ne veut pas retomber dans les mêmes travers.

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