Maroc: Fête du trône au pays - Le cadeau royal d'Emmanuel Macron

Cela fait 25 ans que Mohamed VI a succédé à son père, Assane II, sur le trône du Royaume marocain. Et il ne pouvait certainement pas rêver meilleur cadeau d'anniversaire que celui qu'il a reçu de la France.

En effet, à la faveur de ce jubilé d'argent, Emmanuel Macron lui a adressé une lettre dans laquelle est abordée l'épineuse question du Sahara occidental. Le moins qu'on puisse dire, c'est que Paris a définitivement tranché en faveur de Rabbat, à en juger par la teneur de cette missive dans laquelle il affirme sans ambages que « le présent et l'avenir du Sahara occidental s'inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine ».

Et d'ajouter : « Notre soutien au plan d'autonomie proposé par le Maroc en 2007 est clair et constant. » Cette « lettre d'amour » intervient après des épisodes un peu moins chaleureux entre le Maroc et la France. On peut citer, entre autres, la politique de rapprochement avec l'Algérie voulue par l'actuel locataire de l'Elysée, l'affaire de visa qui a opposé les deux capitales, ainsi que le scandale Pagasus, du nom de ce logiciel espion israélien révélé en 2019, qui a du mal à passer.

Le chef de la sûreté marocaine, on se rappelle, en a fait usage pour écouter opposants et ennemis en France, mais aussi... Emmanuel Macron lui-même.

C'est donc presque une opération de reconquête entre deux partenaires qui peuvent se fâcher pendant longtemps dans les sables mouvants sahariens mais qui ne sont pas condamnés à s'opposer indéfiniment. Pour mémoire, le front polisario créé en 1973 contre l'occupation marocaine s'oppose également depuis 1976 au Maroc pour le contrôle du Sahara occidental.

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Aux termes du plan d'autonomie proposé en 2007, l'Etat marocain maintiendrait sa souveraineté sur ce vaste territoire désertique longeant la côte atlantique, dont il contrôle de facto 80 %, mais transférerait une partie de ses compétences administratives, législatives et judiciaires aux populations locales qui géreraient « elles-mêmes et démocratiquement » leurs affaires.

La « région autonome du Sahara » serait dotée d'un gouvernement et de son chef, d'un Parlement (composé de représentants des différentes tribus sahraouies et de membres élus au suffrage universel direct), ainsi que de juridictions propres, chapeautées par un Tribunal supérieur. Un plan catégoriquement rejeté par les indépendantistes, soutenus par leur puissant voisin qu'est l'Algérie. Ces derniers réclament à cor et à cri un référendum d'autodétermination, prévu lors d'un cessez-le-feu en 1991, mais jamais organisé.

Cette question fait l'objet, depuis maintenant cinq décennies, de longues batailles diplomatiques. Qu'il s'agisse d'Alger ou de Rabbat, les relations bilatérales avec les autres Etats se nouent et se dénouent à l'aune de leurs soutiens sur cette épineuse question. Du coup, si le commandeur des croyants et ses compatriotes se réjouissent, de l'autre côté de la frontière, cette lettre est vue comme un affront. Et la réaction d'Alger ne s'est pas fait attendre. Dès hier, l'Algérie a annoncé le « retrait, avec effet immédiat », de son ambassadeur en France.

« La représentation diplomatique algérienne en France est désormais du ressort d'un chargé d'affaires », a ajouté le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. Sauf rebondissement, on peut raisonnablement penser que c'est un mur de glace qui va se dresser entre Paris et Alger. Quoi qu'il en soit, le couscous royal servi à la table du monarque aura été rarement aussi délicieux que celui dégusté hier.

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