Congo-Kinshasa: Lutte contre la traite des personnes pour la période 2024-2029 , 30 juillet 2024 - Chantal Yelu Mulop appelle à la définition et à l'adoption d'une nouvelle stratégie nationale

C'est sous le haut patronage du Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo que la journée mondiale de la lutte contre la traite des personnes a été célébrée en République Démocratique du Congo.

Organisée par la Coordination en charge de la Jeunesse, Lutte contre les violences faites aux femmes et traite des personnes, cette activité qui s'est tenue ce 30 juillet à Hilton Hôtel a connu la participation de plusieurs personnalités politiques dont les membres du Gouvernement, les ambassadeurs et chefs des Missions diplomatiques ainsi que les chefs des corps. Placée sous le thème « Ne laisser aucun enfant de côté dans la lutte contre la traite des personnes », cette célébration a été riche en activité.

Pour Chantal Yelu Mulop, Coordinatrice de la Coordination en charge de la Jeunesse, lutte contre les violences faites aux femmes et traite des personnes, ce thème doit « nous motiver à renforcer nos efforts en matière de protection de l'enfance sur tout le territoire national. Nous devons tout mettre en oeuvre pour préserver nos enfants, nos adolescents et nos jeunes contre les différentes formes de traite, telles que le mariage forcé, l'exploitation sexuelle, le travail forcé, le trafic d'enfants, l'enrôlement forcé dans les groupes armés, et autres »

Elle reconnaît, par ailleurs, que les enfants, ainsi que les femmes sont les principales cibles des réseaux de trafiquants en raison de leur vulnérabilité particulière. « Il nous incombe donc d'intensifier nos actions et de structurer notre stratégie afin de les placer au coeur de notre lutte et de leur apporter toute la protection nécessaire, à court, moyen et long terme », a-t-elle déclaré devant l'assistance réunie à Hilton Hôtel de Kinshasa.

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Elle souligne par ailleurs que cette journée, instituée par les Nations Unies, honore la mémoire des millions de victimes dont la vie a été dévastée par les trafiquants d'êtres humains à travers le monde. Elle célèbre également le courage et la dignité des survivants de ce crime transnational organisé.

« Nous sommes rassemblés aujourd'hui, pleinement conscients du danger que représente la traite des personnes pour notre pays et de la menace constante qu'elle fait peser sur notre sécurité intérieure. En tant qu'acteurs de première ligne, nous avons la responsabilité de combattre cette grave violation des droits humains, souvent assimilée à l'esclavage moderne. Nous savons que les décisions que nous prenons quotidiennement au plus haut niveau de l'État en matière de lutte contre la traite des personnes peuvent contribuer à protéger nos communautés locales dans les 26 provinces et les 145 territoires de la République. Il est crucial de souligner que notre combat porte sur l'un des crimes transnationaux organisés les plus répandus et les plus lucratifs de notre époque. Les victimes de la traite des personnes se comptent à plus de 50 millions dans le monde », a-t-elle dénoncé.

Et de poursuivre « après le trafic illicite de drogues et d'armes à feu, la traite des personnes génère des revenus exorbitants. Le travail forcé, à lui seul, rapporte annuellement plus de 150 milliards de dollars américains aux réseaux de trafiquants, selon une étude récente des agences onusiennes. En ce qui concerne la RDC, de nombreux efforts ont été entrepris, sous le leadership du Président de la République, pour répondre aux diverses formes de traite des personnes sur tout le territoire national voire pour les congolais vivant à l'Etranger ».

Elle rappelle que lors d'une réunion ordinaire du Conseil des ministres, tenue le 10 novembre 2023, le Président de la République, Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO a souligné l'importance cruciale de la lutte contre la traite des personnes, ce qui a conduit à la création de l'Agence de Prévention et de Lutte contre la Traite des Personnes, désormais connue sous le nom de la Coordination en Charge de la Jeunesse, Lutte contre les Violences Faites aux Femmes et Traite des Personnes.

Au cours de cette réunion, Tshisekedi avait également appelé à l'implication de tous les acteurs étatiques concernés par cette problématique, demandant une évaluation sous la supervision de la Coordination pour proposer les réajustements nécessaires, notamment concernant le plan stratégique national de lutte contre la traite des personnes. Pour nous acteurs de première ligne en RDC, a-t-elle insisté, cette célébration est placée sous le signe de la consolidation des acquis.

Dans ce contexte, a-t-elle déclaré, pour consolider les acquis de la lutte et ne laisser aucun enfant de côté, nous devons impérativement : Définir ensemble et adopter une nouvelle stratégie nationale de lutte contre la traite des personnes pour la période 2024-2029 ; Renforcer les mécanismes de coordination à l'échelle nationale et provinciale, en mettant l'accent sur les groupes de travail sur la protection de l'enfance; Redynamiser la Commission Technique Restreinte, servant de passerelle entre les différents ministères sectoriels impliqués en première ligne ; Instaurer un système fiable de collecte et de gestion des données relatives à la traite des personnes ; Intégrer la problématique de la traite transfrontalière dans la coopération judiciaire avec les pays voisins ; Mobiliser davantage la jeunesse dans la lutte contre la traite des personnes afin de changer les comportements de la population face à cette violation des droits humains ; Renforcer les capacités des acteurs de première ligne par l'allocation de ressources humaines qualifiées ainsi que de moyens matériels et financiers adéquats.

Les précisions du ministère de l'intérieur...

Présent lors de cette cérémonie, le Vice-ministre de l'intérieur en charge des affaires coutumières a rappelé que la traite des personnes constitue un crime transnational organisé qui porte atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat Congolais.

Pour lui, les trafiquants d'êtres humains mobilisent des réseaux internationaux qui traversent illégalement les frontières de la RDC pour venir exploiter et abuser de ses communautés les plus vulnérables. À en croire ses propos, ces réseaux s'adonnent également au trafic illicite de la drogue et des armes à feu ainsi qu'au blanchiment des capitaux.

« Ils collaborent avec des milices et autres groupes armés qui terrorisent la population principalement dans les parties de notre pays ci-haut citée sous occupation. En aucun cas, nous ne pouvons laisser les réseaux de trafiquant d'êtres humains prospérer sur le sol congolais. C'est dans ce cadre que des mesures drastiques seront prises pour protéger nos populations contre leurs agissements. Pour lutter efficacement contre ce phénomène, dans toutes les provinces, les gouverneurs des provinces vont être outillés de sorte qu'ils puissent prendre les dispositions appropriées et mieux défendre les villages, les territoires et villes contre les réseaux de trafiquants d'êtres humains, surtout ceux-là qui procèdent au recrutement des enfants dans les groupes armés et s'enrichissent du proxénétisme », a-t-il fait savoir.

Il a profité de l'occasion pour signaler que la Direction Générale de Migration (DGM) et la Police Nationale Congolaise (PNC) ont l'obligation de mener des investigations et démanteler ces réseaux criminels qui opèrent à l'intérieur de nos frontières.

« Les chefs coutumiers qui gèrent au quotidien nos populations seront également sensibiliser sur les changements de comportements nécessaires à l'élimination des pratiques favorables à la traite des personnes, notamment les mariages des mineurs, l'accusation des enfants de sorcellerie, les pires formes de travail des enfants etc.... », a-t-il ajouté.

Pour le Ministère des droits humains, il est temps de conjuguer les efforts pour améliorer les conditions de vie de « nos concitoyens qui subissent ce fléau ». « Le trafic d'enfants constitue des crimes odieux. Nous devons dénoncer toute situation de la traite des personnes en RDC », a dit le Représentant de la Ministre des droits humains.

L'Ambassadrice des États Unis, Lucy Tamlyn a félicité le Gouvernement congolais et la coordination en charge de la Jeunesse, lutte contre les violences faites aux femmes et traite des personnes pour les efforts soutenus dans la lutte contre la traite des personnes.

Elle a appelé l'équipe de coordination de cette cellule à élargir son réseau des partenaires. « Les USA resteront un partenaire pour la lutte contre la traite des personnes. Les USA s'engagent à travailler avec la RDC pour arriver à mettre fin à cette situation... », a-t-elle conclu.

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