Congo-Kinshasa: Le paradoxe des sanctions américaines...

« L'AFC perpétue l'instabilité politique et un conflit meurtrier en exacerbant une crise humanitaire dans l'est de la RD-CONGO Les États-Unis s'engagent à tenir pour responsables ceux qui menacent la paix, la sécurité ou la stabilité de la RDC » annonce un communiqué du Département du Tresor américain.

Ça parait si beau et si encourageant pour le pouvoir de Kinshasa et pour de nombreux internautes qui jubilent en prenant ces sanctions comme une victoire diplomatique mais moi *THE BEST* personnellement je n'en suis pas convaincu. Pourquoi ?

Toutes les analyses menées par de meilleurs spécialistes du conflit de la région des grands lacs tombent d'accord sur deux vérités de base. La première est que toutes ces rebellions de M23, AFC et Twiraneho etc. sont des simples prête-noms de l'armée patriotique rwandaise aux différents mouvements rebelles. Ces derniers sont armés, financés et téléguidés directement à partir de Kigali🇷🇼.

La preuve?

À chaque pourparler de paix de Luanda, Nairobi et tout dernièrement à Zanzibar ou à Kampala, ce n'est point Bertrand Bisimwa ni Corneille Nangaa qui se présentent autour de la table de négociation avec la RD-CONGO mais bel et bien les officiels du gouvernement rwandais.

Bref, condamner M23 ou AFC qui sont des simples marionnettes ou des minables laquais aux ordres de Kigali, ça ressemble à s'attaquer aux lieutenants et aux exécutants sans vouloir toucher à leurs commanditaires qui sont connus de tous, notamment Paul Kagame et ses comparses qui tuent et opèrent des massacres de masse en RD-CONGO sans que le Département d'Etat américain ne lève le petit doigt.

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La deuxième vérité est plus douloureuse à accepter.

Lorsque le département américain du Trésor a annoncé jeudi 25 juillet une série de sanctions visant une coalition de groupes rebelles congolais, il n'a pas été difficile de comprendre leur volonté de manipuler la vérité historique et de faire croire à l'opinion internationale que la guerre qui se déroule en RD-CONGO est un conflit congolo-congolais.

Nous sommes en face d'une guerre de mots et d'une manipulation des faits qui vise à masquer la vérité profonde de cette guerre devenue pourtant une guerre INTERNATIONALE dans laquelle sont impliqués plusieurs pays et puissances occidentales.

Le détail important qui a échappé aux yeux du citoyen lambda, c'est le fait que ces sanctions ne sont prononcées ni par le département d'état américain ni par la Maison Blanche mais bien par le Département du TRÉSOR américain dont la principale mission dans ses relations extérieures, est de diriger la politique économique et l'évolution de la situation économique nationale et internationale en élaborant des mesures nécessaires pour faire face aux événements touchant les marchés financiers.

Ces sanctions sont à percevoir comme une proclamation de STATU QUO de la politique de prédation instaurée en RDC depuis 1996 via des pays sous-traitants dans la région des grands lacs.

Déjà des chercheurs de renom notamment *Honoré Ngbanda, Charles Onana, Pierre Péan et Patrick Mbeko* nous ont éclairé la lanterne sur la guerre du Congo qui se veut un arbre qui cache la forêt.

Quelle forêt ? Il s'agit de la nébuleuse militaro-politique derrière le Rwanda dont les leviers de commande sont actionnés à partir de Washington.

Le pyromane peut-il espérer éteindre le feu?

Le coupable peut-il s'arroger le privilège d'être juge et partie?

Je me le demande sincèrement... Mon avis est que ces sanctions sont un enfumage, un *scénario* par lequel Pilate se lave les mains pourtant ses ablutions politiques ne suffiront pas pour dissuader la condamnation à mort d'un peuple innocent.

Ni la récente trêve humanitaire décidée unilatéralement par qui l'on sait, ni les soi-disant sanctions contre les petits *fretins* ne pourront améliorer le climat sécuritaire au Congo-Kinshasa. Rien de bon et d'efficace n'en sortira.

Laissons cela aux rêveurs impénitents.

Prenons-nous en charge nous congolaises et congolais pour pouvoir inventer résolument d'autres voies de pacification et de sécurisation de notre territoire national.

Qu'on se le tienne pour dit!

Expert en Stratégie et de défense CHESD

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