Afrique: Verdict procès du 28 septembre - Pourvu que cela serve de leçon en Guinée et ailleurs

C'est l'épilogue d'un interminable feuilleton judiciaire aux multiples rebondissements. En effet, le tribunal criminel de Dixinn a rendu, ce mercredi 31 juillet 2024, son verdict dans le dossier dit « du 28 septembre 2009 » qui a commencé il y a presque deux ans.

A l'origine de ce procès, le massacre de civils le 28 septembre 2009 au stade du même nom à Conakry où les opposants de Moussa Dadis Camara, qui voulait légaliser démocratiquement son régime issu d'un coup d'Etat, s'étaient rassemblés pour dire non. Au finish, un véritable carnage : au moins 157 morts, autant de femmes violées et violentées. Mais il aura fallu de longues années pour que les principaux accusés atterrissent au prétoire le 28 septembre 2022, soit treize ans après les faits.

Au premier rang de ceux-ci, le capitaine Moussa Dadis Camara, chef de la junte, qui avait pris le pouvoir à la mort de Lansana Konté et qui s'était illustré par une gestion chaotique du pouvoir marquée par ses nombreuses pitreries. A côté de lui dans le box des accusés, Moussa Tiégboro Camara, Aboubacar Sidiki Diakité dit Toumba, Blaise Goumou, Abdoulaye Chérif Diaby, Marcel Guilavogui, Claude Pivi, Ibrahima Camara dit Kalonzo, Paul Mansa Guilavogui, Cécé Raphaël Haba et Mamadou Aliou Keïta.

Ce sont des peines assez lourdes qui ont été prononcées en l'encontre des principaux acteurs de ce massacre : Claude Pivi qui s'est fait la belle à la faveur de l'attaque de la prison écope de la réclusion à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 25 ans. Un mandat d'arrêt a été également décerné contre lui. Moussa Dadis Camara et Moussa Tiégboro Camara, reconnus coupables de crimes contre l'humanité du fait de leur responsabilité de chefs militaires, sont condamnés chacun à 20 ans de prison. Toumba, condamné pour la même infraction, lui, écope d'une peine d'emprisonnent de 10 ans.

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Quatre accusés sur les 12 ont été renvoyés des fins de la poursuite pour crimes non imputables. On retiendra aussi le professionnalisme avec lequel le président du tribunal, Ibrahima Sory II Tounkara, a dirigé les débats durant ce procès. C'est à l'honneur de la justice guinéenne qui aura su démêler l'écheveau du 28 septembre.

Ce n'est que justice car les âmes des disparus peuvent maintenant reposer en paix et leurs proches peuvent se sentir un peu soulagés quand bien même les condamnés disposent de 15 jours pour faire d'éventuels recours. Ni les effets de manches, ni les grossiers mensonges, ni le show de Toumba qui a littéralement transformé le prétoire en cirque ne sont parvenus donc à convaincre les juges de leur innocence.

Dans son malheur, Moussa Dadis Camara peut même s'estimer heureux. En effet, on se rappelle que le parquet avait requis contre lui la réclusion criminelle à perpétuité avec une période de sureté de 30 ans. Mais voilà qu'il s'en sort avec seulement 20 ans, si on ose dire.

En attendant un éventuel jugement en appel, c'est aussi une leçon qui vient d'être administrée à tous les dirigeants non seulement de la Guinée mais aussi de nombreux pays africains. Car, on a beau être puissant, les fantômes de ceux qu'on a martyrisé finissent par vous rattraper. Comment oublier que ce verdict est prononcé au moment où la Guinée, décidemment malade de ses dirigeants, est de nouveau plongé dans une chape de plomb depuis l'arrivée au pouvoir du désormais général Mamadi Doumbouya ?

Voilà bientôt trois ans qu'il a débarqué le Professeur Alpha Condé du pouvoir, coupable d'avoir joué indument les prolongations et trente-six mois après, la Guinée est embarquée dans une transition dont on n'est pas près de voir l'issue. Et la terreur s'installe de nouveau petit à petit : restriction des libertés individuelles et collectives, enlèvement de voix discordantes, exil forcé pour certains. Un contexte national qui montre à quel point, la démocratie et les droits de l'homme sont une quête permanente cela d'autant plus que les dirigeants qui semblent avoir parfois la mémoire courte ne retiennent aucune leçon du passé.

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