Sénégal: Non, Bassirou Diomaye Faye n'a pas dit aux Sénégalais de ne pas accrocher sa photo dans leur bureau

Dakar — Les propos selon lesquels Bassirou Diomaye Faye a demandé à ses compatriotes de ne plus accrocher sa photo dans les bureaux n'ont pas été tenus par le chef de l'État sénégalais.

Les mêmes propos, qui lui sont faussement prêtés, ont été tenus en 2019 par le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, devant des députés de son pays à l'occasion de son investiture.

"Je ne veux vraiment pas mes photos dans vos bureaux, car le président [de la République] n'est ni une icône ni une idole. Accrochez plutôt les photos de vos enfants et regardez-les chaque fois que vous prenez une décision." Un post Facebook prête ces propos au président sénégalais.

Le post a été partagé près de 300 fois et a suscité autant de commentaires sur les médias sociaux, sur Facebook surtout, a observé l'APS, jeudi 1er août.

La citation est extraite presque mot pour mot du discours d'investiture prononcé par Volodymyr Zelensky en juillet 2019.

Ce dernier avait tenu ces propos devant des députés. Il parlait de la corruption dans son pays.

"En finir avec la colonisation"

Voici la citation originelle, qui figure dans un discours disponible sur le site officiel du dirigeant ukrainien : "Et pour cela, nous avons besoin de gens au pouvoir qui serviront le peuple. C'est pourquoi je ne veux vraiment pas que ma photo soit dans vos bureaux, car le président [de la République] n'est pas une icône ni une idole ou un portrait. Accrochez les photos de vos enfants à la place et regardez-les à chaque fois que vous prenez une décision."

La rumeur est accompagnée de commentaires, dont le suivant : "La première fois dans l'histoire. Vraiment, le Sénégal donne toujours des bons (sic) exemples contrairement à ma Guinée... Instructif et symbolique à la fois... Merci, en voilà un homme de Dieu, un vrai dirigeant. Le Sénégal et les Sénégalais sont bénis."

Il s'agit de la troisième folle rumeur attribuée au président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, depuis son investiture en avril 2024.

En mai dernier, une autre fausse nouvelle selon laquelle l'arabe serait devenue la langue officielle du Sénégal, en remplacement du français, a été attribuée à M. Faye. Elle a été largement partagée sur les médias sociaux par des internautes se trouvant au Sénégal ou dans d'autres pays d'Afrique de l'Ouest, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, via des plateformes se réclamant du panafricanisme notamment.

Dans des messages publiés en français, en anglais et en arabe, les personnes à l'origine de cette rumeur prétendent que "pour une première fois depuis son indépendance, [le Sénégal a] adopté en fin avril 2024 l'arabe comme langue officielle, en remplacement du français".

Un compte Facebook identifié avec le nom d'Adam Chaibani, par exemple, en a profité pour appeler les usagers des médias sociaux à "en finir avec la colonisation" et à faire de "la libération de l'Afrique notre combat".

Des partenariats justes et équilibrés

Il y a eu, avant cette rumeur relative à la photo officielle du président sénégalais dans les bureaux, une autre fausse nouvelle se rapportant au paiement des impôts des sociétés françaises implantées au Sénégal. En lien avec les orientations politiques et économiques des nouvelles autorités sénégalaises.

Ces rumeurs diffusées sur les médias sociaux laissaient croire que des entreprises françaises opéraient au Sénégal sans payer des impôts, avant que le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, annonce que ces impôts seront désormais payés au Trésor public sénégalais.

Le contexte géopolitique actuel, caractérisé par un "sentiment antifrançais" et la promesse faite par les nouvelles autorités sénégalaises d'opérer une rupture profonde dans la gestion du pays, semble très favorable à la propagation des fausses nouvelles.

Il se nourrit de l'arrivée au Sénégal de nouveaux dirigeants préconisant des partenariats justes et équilibrés entre la France et ses anciennes colonies africaines.

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