C'est le buzz du moment : que va annoncer Marc Ravalomanana, ce samedi 3 août 2024, à la veille des élections communales.
À 75 ans, ce sera probablement sa candidature, hier encore improbable, au poste de Maire d'Antananarivo, fonction qu'il avait déjà assumée de 1999 à 2002, sans toutefois achever son mandat pour cause de candidature à la présidence de la République.
Qu'un ancien président de la République «s'abaisse» à briguer un «simple» mandat communal, constitue une révolution culturelle. Sauf qu'Antananarivo-Capitale, à l'échelle de Madagascar, est plus qu'un «Grand Tana», pèse davantage qu'une vague Région, et constitue une «septième Province» de facto, si on se réfère au découpage électoral de juste après le retour de l'indépendance, voilà 64 ans.
L'entrée en lice d'une «pointure présidentielle» honore la «Ville-des-Mille» et oblige l'opposition à sa personne, c'est-à-dire finalement le régime, à se trouver un candidat à la hauteur d'un «Tanàna-
Anivo» (la Villle-au-Centre) depuis le Roi Andrianampoinimerina, en passant par le Gouverneur Général Gallieni, et jusqu'à la République.
Le 28 novembre 2018, à la veille du second tour des élections présidentielles, Marc Ravalomanana avait accordé une interview à Ecofin. Il s'y déclarait avoir «tiré les leçons de l'histoire récente et de (son) propre passé à la tête de l'État».
Six ans plus tard, cette interview doit être lue à l'échelle d'une Ville, fût-elle Capitale, fût-elle «septième Province». Les éléments de langage - «vérité et réconciliation» ; allusion à la réussite du Rwanda, de l'Éthiopie ou de l'Asie du Sud-Est ; la banque postale et le fonds souverain d'investissement ou encore les fonds-régionaux de capital-risque, voire l'autosuffisance en riz - doivent réduire la voilure.
D'ailleurs, les phrases stéréotypées du type «mettre en oeuvre un processus institutionnel et une organisation opérationnelle se traduisant par une concertation participative et une consultation inclusive», qu'elles soient de son fait ou de celui de ses adversaires, ne leurrent plus personne.
Ce qui va être scruté, c'est la capacité de l'homme à authentiquement se mettre «en capacité de rectifier les erreurs, redresser les torts, capitaliser sur les réussites, rassembler toutes les énergies», comme il le déclare dans cette interview.
En quoi, et comment, le Marc Ravalomanana de 2024 aura suffisamment travaillé sur lui-même, depuis 2002, pour être le porteur crédible de messages comme une réglementation antitrust, la concurrence et l'ouverture des marchés. Et ne pas récidiver, en oubliant Antananarivo sitôt qu'elle se sera donnée. Plutôt que de se le dire chaque jour, au moment de se raser, se retourner, et se voir en son miroir.