Après la grande déclaration et la bénédiction de Dama et Bekoto de passer le flambeau au « Revy Mahaleo Taranaka », composé des fils des membres du groupe Mahaleo. Les dés sont jetés pour Maharo, Rado, Benaivo, Tahina, Popol et les musiciens Tojo Kely, Bibs et Andry Kely.
« Revy Mahaleo Taranaka », le titre d'un nouveau tome de l'histoire d'un des groupes les plus mythiques du Madagascar post-décolonisation. Tout d'abord, un concert le 24 août à La Scène d'Ivandry, un samedi, un bon jour pour embellir le week-end et se reposer le dimanche en vue de la semaine qui vient. « Ce sera notre premier concert, disons indépendant, Dama et Bekoto seront par contre toujours là derrière nous », fait savoir Benaivo, fils de Nônô. Parce que lors d'un concert du 28 juillet, Dama a annoncé devant des milliers de spectateurs et spectatrices que c'est à leurs progénitures de reprendre le relais des Mahaleo. La chose est dite. Et le programme sur un horizon moins lointain est déjà mûr dans la tête de ces héritiers. « Nous allons mettre en avant les chansons des débuts, les chansons plus anciennes... mais avec des changements dans les qualités sonores » par exemple souligne Rado, le fils de Fafah. À ses côtés, Benaivo acquiesce.
Le pari, c'est de convaincre les puristes. Mahaleo rime avec culte, repères culturels baignés de l'histoire du pays, « mai 72 » en premier lieu. Toute une page culturelle contemporaine, politique à quelques égards, de la Grande Île. Leur musique a alors servi à la fois de catalyseur, de dénonciation, de vision... pour une jeunesse désabusée mais consciente qui voulait créer un vrai sens. La bande à Bekoto, Dama, Dadah, Fafah, Nônô, Raoul et Charles incarnait en chanson tout cet élan. À partir de là, se trouvent des éternels puristes, ces derniers ont ensuite réussi à transmettre à leurs rejetons le « culte » au Mahaleo. Ce test passé, la moitié du chemin devrait déjà être réalisée. Puis il y a cette génération actuelle, capable de danser comme des fous sur un « Lendrema » à Antsahamanitra. « Nous allons entrer en studio, remettre les titres sur les ondes, faire des clips... », annonce Benaivo. Ces héritiers jurent de ne chanter que Mahaleo sans « dénaturer » les chansons.
Pas de « copier-coller » comme l'ont fait les Mahaleo Zandriny et d'autres, mais surtout un esprit de perpétuer l'héritage et surtout l'âme Mahaleo. Sur ce, les dignitaires légaux et légitimes des pères fondateurs prennent donc les rennes. L'occasion de dessiner une perspective lors de ce concert du 24 août à La Scène Ivandry. Sûrement, les « Revy Mahaleo Taranany » vont revenir à ces anciens titres annoncés tels « Mianatra misintaka », « Raozy vony » et d'autres. Cette aventure a débuté avec la tournée « Ianareo ve hijanona sa hiaraka aminay ? » après la crise sanitaire. Bekoto et Dama étaient les survivants du band originel. Trop peu pour une polyphonie en sept majeur.
Les premiers à répondre présents ont été quatre des fils des sept membres fondateurs des années '60. L'alchimie a joué. Plus tard, les tourneurs ont admis « que ce serait mieux si les héritiers restent auprès de Dama et Bekoto pour les prochains concerts », avoue le fils de Fafah. Un petit hic, Popol, le fils de Bekoto, est le seul à avoir « déjà fait face à un grand public avec son groupe Tempo Gaigy », reconnaît le fils de Nônô. Pour Maharo, Rado et les autres, accompagner deux légendes avec plus d'un demi-siècle de carrière, était loin d'être ordinaire. Simples amateurs et devenir professionnels du jour au lendemain, les grands concerts au Canal Olympia Andohatapenaka, Antsahamanitra, CCI Ivato, en Europe... semblent confirmer que les étoiles s'alignent. Le public d'ici et d'ailleurs a adoubé « Revy Mahaleo Taranaka ».