Cameroun: Universités d'été du Cavie 2024 - L'Iric et le Cavie honorent le professeur Jean Emmanuel Pondi

Après une conférence dans le cadre des Uec, suivie de la dédicace de plus de 15 ouvrages du professeur Jean Emmanuel Pondi, le directeur de l"Iric et le président du Cavie lui ont décerné le 31 juillet dernier à l'Iric, le diplôme d'« intellectuel le plus inspirant de sa génération ».

Amphithéâtre 250 de l'Institut des relations internationales du Cameroun (Iric). La photo grandeur nature de Jean Emmanuel Pondi est projetée sur les deux écrans géants disposés à gauche et à droite du podium.

Sur ces panneaux numériques, défilent également le thème de la conférence de l'érudit des relations internationales portant sur comment « comprendre et profiter de la nouvelle géopolitique africaine » ; ainsi les précédentes conférences données depuis le 15 juillet dernier dans le cadre des Universités d'été du Cavie (Uec) ; mais aussi des événements organisés par le Centre africain de veille et d'intelligence économie (Cavie) à l'instar du Festival de l'intelligence économique francophone (Fief), les consultations nationales en collaboration avec des institutions publiques ; mais aussi des Journées africaines de l'intelligence économique (Jaie).

A événement exceptionnel, mobilisation exceptionnelle. Pour les Uec, le Cavie dit avoir gardé le meilleur pour la fin.

La salle est archicomble. Les participants n'ont d'yeux que pour l'ancien directeur de l'Iric (1999-2005). Il vient de tenir le public en haleine pendant de deux heures d'horloge (son exposé à l'allure de profession de foi pour l'Afrique, suivie de la phase de questions-réponses). Le bonheur de voir l'actuel recteur de Ict University et d'échanger de vive voix avec lui se prolonge.

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25 chefs-d'oeuvres

Le temps de la dédicace. Il est resté sur sa place à la table d'honneur. Les officiels à ses côtés étaient constitués du directeur de l'Iric, S.E Daniel Urbain Ndongo ; de l'ambassadeur du Congo au Cameroun, S.E Daniel Ngassiki, le président du Cavie, Guy Gweth ; et le modérateur de la conférence, Innocent F. Kamdem.

Les livres empilés sur la table du secrétariat technique des Uec se vendent comme du petit pain. L'universitaire doit poser sa griffe sur des livres achetés. Le rang est long. Ils sont près de 50 qui attendent. C'est un exercice d'endurance pour l'auteur qui dédicace les ouvrages sans répit ; et une partie de patience pour les lecteurs qui sont servis par ordre d'arrivée. L'attente n'est pas longue. Certains esquissent des pas de danse sur un titre à succès de Bob Marley qui tourne en boucle.

Chacun tient dans ses mains un ouvrage qu'il protège telle la prunelle de ses yeux. Parmi les plus de 25 chefs-d'oeuvres de l'auteur dans différents genres littéraires, l'on a en l'occurrence, « Le secrétaire général de l'Oua dans le système international ; Barack Obama, de l'interrogation à l'administration ; harcèlement sexuel et déontologie en milieu universitaire ; immigration et diaspora, repenser le développement à partir de l'Afrique ; Paul Pondi, le temps de la parole (entretien) ».

Maximiser les opportunités

Avant le festival de la parole orchestré par l'orateur du jour, des sommités ont planté le décor au pupitre. D'abord le directeur de l'Iric qui a souhaité la bienvenue à tous les participants avant de se prêter au jeu d'éloges à l'endroit de l'un de ses prédécesseurs dans cette prestigieuse institution. Il a entre autres salué l'immense oeuvre de Jean Emmanuel Pondi : ses publications et surtout sa parfaite connaissance des relations internationales et de la question de géopolitique africaine. Ses paroles toutes aussi inspirantes qu'élogieuses ont été suivies plus tard de la remise du diplôme de reconnaissance au recteur de Ict University comme étant l'intellectuel le plus inspirant de sa génération.

Avant lui, le président Cavie a abondé dans le même sens. Il rappelle que ce qu'il est aujourd'hui c'est grâce à la trajectoire de Jean Emmanuel Pondi qu'il a suivie. Il a ensuite expliqué l'opportunité d'avoir une telle personnalité aux Université d'été du Cavie ; non sans exhorter les étudiants de différentes universités ayant bénéficié d'une formation dans le cadre des Uec de s'approprier de la leçon du conférencier que certains ont d'ailleurs qualifié de pain béni.

Dans son « brillant » exposé, il a permis à tous les participants d'être au même niveau de compréhension des contours d'une géopolitique africaine « en pleine recomposition ». Il a ensuite donné des pistes de réflexions et d'actions devant permettre aux Africains de « maximiser les opportunités qui sont en train de s'offrir à eux, pour écrire une page nouvelle des relations entre l'Afrique et le reste du monde, Bien sûr, comme nous le savons tous, la géopolitique peut se comprendre comme l'interaction entre la géographie et la politique qui se focalise sur des rivalités de pouvoirs sur ou pour du territoire, par des protagonistes qui ont pour objectif d'accroître leur influence ou leur souveraineté », a-t-il indiqué. Il a ajouté à la définition de nouvelle géopolitique, la notion des nouveaux territoires que sont le cyber espace ou l'internet, « qui charrient aujourd'hui d'énormes enjeux économiques et financiers. Il importe pour les Africains de réfléchir très sérieusement sur ces thématiques fondamentales pour la redéfinition du rôle et de la place de leur Continent ».

Aux décideurs africains

L'universitaire a égrené les principaux défis que l'Afrique doit relever aujourd'hui pour assurer son autonomie. Il est question pour qu'elle connaisse bien son passé pour ne pas répéter les mêmes erreurs qui lui ont été fatales dans le passé. Tout en rappelant qu'il faut sortir du syndrome du colonisé qui ne se sent à l'aise et en sécurité que sous une "protection " non africaine.

A cet effet, il a donné la clé aux décideurs africains pour y parvenir. Ils doivent d'après lui avoir le courage d'abandonner des recettes de gestion et de gouvernance qui n'ont guère donné de résultats probants depuis une soixantaine d'années en Afrique. Comme il aime à le dire, « nul ne peut aimer plus l'Afrique que les Africains eux-mêmes. Refusez le misérabilisme et la subordination de l'Afrique qui sont des recettes inacceptables pour un continent qui détient pourtant toutes les clés de la prospérité économique du 21è Siècle, mais dont ses responsables ne semblent pas s'en rendre compte.

Aux jeunes (17 à 40 ans), il leur demande de savoir que l'histoire les a placés en situation de faire basculer positivement l'Afrique vers une entité qui se suffit désormais à elle-même. Ne craignez pas de mettre sur pied une stratégie de puissance. « L'Afrique doit toujours se souvenir qu'elle demeure le berceau de toute l'humanité et de ce fait, se doit d'éviter d'infliger aux autres peuples, les cruautés atroces que beaucoup de ces derniers lui ont fait subir pendant plusieurs siècles. La revanche est l'arme des pauvres en esprit et des insensés. L'Afrique doit s'imposer par son humanisme et par son savoir-faire retrouvé, vieux de plus de 400 000 ans ».

A la fin de son exposé, la salle a spontanément applaudi sans fin l'homme. Pour d'aucuns, c'était un spectacle de l'intelligentsia, et pour d'autres comme une homélie. Il est maintenant question pour tous ceux qui ont assisté à cette grand-messe, d'aller partout répandre la bonne nouvelle.

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