Ile Maurice: Incohérences et controverse

L'affidavit de Vishal Shibchurn, juré en présence de son avoué, Me Pazhany Rangasamy, à la prison de la Bastille à Phoenix, mercredi, cible plusieurs personnes, y compris des policiers et des proches du gouvernement, qui seraient impliquées dans l'assassinat de l'ex-agent du MSM Soopramanien Kistnen. Ce document de 12 pages a révélé des accusations graves, mais a également mis en lumière des incohérences notables.

Parmi les noms cités dans l'affidavit figurent l'ancien ministre Yogida Sawmynaden et Bassoo Seetaram, qui ont immédiatement réagi en déposant des plaintes pour «swearing false affidavits». Les révélations dans le document ont été vivement critiquées en raison des incohérences apparentes, mettant en cause la crédibilité de l'affidavit.

Un des points les plus controversés concerne une prétendue rencontre entre Vishal Shibchurn et Manan Fakoo en janvier 2022 à Vacoas. Selon l'affidavit, Vishal Shibchurn aurait accompagné Manan Fakoo à une rencontre avec Bassoo Seetaram. Cependant, cette allégation est mise en doute car Manan Fakoo est décédé des suites de blessures par balles en janvier 2021, soit un an avant la date mentionnée.

De plus, l'affidavit indique que lors de cette rencontre, Manan Fakoo aurait garé sa voiture de couleur grise immatriculée 5620 AG 20 à proximité de la librairie Le Printemps. Toutefois, ce numéro de voiture semble également incorrect. Des vérifications révèlent que les autres numéros de véhicules mentionnés dans le document ne concordent pas non plus avec les données disponibles, renforçant les doutes sur l'exactitude des affirmations de Vishal Shibchurn. Ces incohérences suscitent des interrogations sur ces informations cruciales dans cette affaire complexe.

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Une autre incohérence notable concerne l'affirmation de Vishal Shibchurn selon laquelle lors de la rencontre avec Bassoo Seetaram, ce dernier leur aurait demandé d'enlever les batteries de leurs téléphones portables. Or, on est en 2022 et les téléphones mobiles ont des batteries intégrées qui ne peuvent être enlevées. Plus tôt, Vishal Shibchurn parle de ces mêmes téléphones utilisés pour envoyer des photos indécentes de Simla Kistnen. Ce qui indique qu'il s'agissait là d'un appareil moderne capable de prendre des photos et de les envoyer par des applications de messagerie telles que WhatsApp. Les téléphones 2G ne possédaient pas la technologie nécessaire pour envoyer des fichiers multimédias comme des photos via WhatsApp.

D'autres protagonistes cités dans cette affaire comptent dans les jours à venir porter plainte aux Casernes centrales. Par ailleurs, nous apprenons qu'une équipe de la MCIT devrait bientôt être mandée dans le cadre de l'enquête pour prendre la déclaration d'un Top Chef de la Kwizinn dont le nom est cité dans l'affidavit au sujet de la somme convenue pour éliminer Soopramanien Kistnen. Au niveau de la MCIT, l'on serait toujours en train de finaliser cette démarche qui s'avère compliquée en raison de la position de ce membre influent de la Kwizinn.

L'ex-ASP Kokil : «Ne venez pas jeter le nom des personnes honnêtes et propres en pâture»

L'affidavit juré en Cour suprême par Vishal Shibchurn, détenu à la Bastille et dont le passé est déjà lourd de controverses, a secoué le paysage politique et judiciaire mauricien. Dans ce document, Vishal Shibchurn incrimine plusieurs personnalités, dont des politiciens, des hommes d'affaires, des policiers, dont l'ex-assistant surintendant (ASP) Roshan Kokil, et d'autres personnes proches du pouvoir, les liant directement ou indirectement au meurtre de Soopramanien Kistnen.

Au sein de la force policière, la crédibilité de Vishal Shibchurn est un élément crucial dans l'évaluation de cet affidavit. Étant donné son statut de détenu, la question de savoir si ses déclarations sont motivées par une volonté de réduire sa propre peine, de se venger ou de rechercher d'autres bénéfices est pertinente. Selon Vishal Shibchurn, il aurait été interrogé de manière informelle et verbale par l'ex-ASP Roshan Kokil et un inspecteur du Central Crime Investigation Department (CCID) au sujet d'informations sensibles liées à la mort de Soopramanien Kistnen. Il allègue en outre avoir été menacé par ces deux officiers après avoir partagé des informations confidentielles sur l'affaire Kistnen. Dans les points 13 et 14 de l'affidavit, Vishal Shibchurn fait mention de l'officier ASP Roshan Kokil. Il dit se souvenir distinctement que ce dernier lui aurait dit, entre autres : «To imazine to ena enn fami. Nou ena tou le moyen pou vir sa case Kistnen-la lor twa.» Ces menaces auraient été faites en présence de l'agent pénitentiaire Rahim, qui, selon Shibchurn, a également reçu des avertissements sévères lui enjoignant de ne rien dire sur la nature de cette conversation sous peine de subir de graves conséquences.

Nous avons sollicité l'ex-ASP Roshan Kokil après que son nom a été mentionné dans l'affidavit. «C'est totalement faux ce qu'il a dit contre moi. Le DCP (NdlR, Deputy Commissioner of Police) du CCID Heman Jangi nous a demandé de voir ce qu'il avait à dire au moment où il avait envoyé sa lettre en 2021. Il avait déclaré qu'il voulait donner des informations sur la mort de Kistnen alors qu'il était à la Bastille», nous a-t-il dit. Il a ajouté que Shibchurn affabule : «Ne venez pas jeter le nom des personnes honnêtes et propres en pâture. Je ne vais pas rester tranquille sur ces allégations gratuites et malicieuses.» Il a expliqué que c'est maintenant qu'il a un éveil de Dharma, cela, après quatre ans. «Après la mort de Kistnen, pourquoi n'a-t-il pas fait de révélations ? Il a cherché un bouc-émissaire pour dire qu'il était sous la menace.» L'ex-ASP Kokil a dit être de concert avec ses hommes de loi et qu'il prendra des actions légales contre Vishal Shibchurn.

L'ex-ASP Kokil a dit qu'il prendra des actions légales contre Vishal Shibchurn.

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