Ile Maurice: JO de Paris - Le feel-good factor décroche la médaille d'or

Il y a quelques semaines, une majeure partie des Français, et je dois l'avouer, moi parmi, s'attendait à des Jeux olympiques catastrophiques. Aujourd'hui, une semaine après la cérémonie d'ouverture et alors que les médailles pleuvent, la donne a changé. La ferveur a enveloppé le pays de ses bras protecteurs.

Cérémonie réussie

Aujourd'hui, autour de moi, tous sont unanimes. La cérémonie d'ouverture était l'une, sinon la plus mémorable des olympiades. L'effet de surprise a marché. Rien n'a transpiré, sinon quelques noms d'artistes. Comme personne n'avait d'informations, on s'attendait au pire. Mais finalement, les tableaux se sont enchaînés, les artistes se sont succédé et cela s'est terminé en apothéose avec Céline Dion sur la Tour Eiffel. Évidemment, il y a eu des polémiques, ceux qui trouvent toujours des problèmes à tout, la religion s'y est invitée, mais si l'on sait ce que le metteur en scène a voulu faire, il n'y a rien à redire. À mes yeux de Franco-Mauricien, c'était une cérémonie qui capturait l'essence de l'histoire et de la culture de la France. Selon moi, cette soirée a donné le ton. Ce sont des Jeux qui se déroulent sous le signe de l'unité, la diversité et l'acceptation.Des écrans sont installés au Village des Jeux et un peu partout à travers la ville.

Il y a quelques semaines encore, la France était au bord du déchirement. L'extrême droite était aux portes du pouvoir, le Nouveau front populaire au bord de l'implosion après le second tour et le pouvoir en place avait une interprétation assez insolite du résultat des urnes. Lorsque le président a annoncé une trêve politique pour les Jeux, il y a eu pas mal de questionnements. Aujourd'hui, ces Jeux nous offrent une véritable bulle d'air frais. La couverture médiatique est presque exclusivement centrée sur les Jeux olympiques, ce qui nous offre un répit bienvenu, car nous sommes souvent submergés par les nouvelles politiques et les tensions sociales. Nous aurons tout le temps de retourner à ces questions après les compétitions.

Éclats de couleurs à la Maison de l'Inde.

Aujourd'hui, je profite d'un Paris que je vois rarement. La ville est habituellement congestionnée et stressée. En ce moment, elle respire. L'atmosphère est à la fête. Parisiens et touristes se côtoient, il n'y a ni débordements, ni affrontements, comme on le craignait. Les rues de Paris sont décorées aux couleurs des différents pays participants. Des spectacles de rue animent les quartiers, qui s'illuminent, tout comme les visages...

Il y a aussi le patriotisme sain qui a pris le dessus. Alors que pendant la campagne électorale, on entendait des termes monstrueux comme «binationaux africains», les jeux ont eu un effet fédérateur. Lorsque les athlètes sont en scène, c'est tout le pays qui retient son souffle, et le cri de joie est collectif en cas de victoire. Dans l'éventualité de la défaite, c'est encore une fois toute la population qui soupire d'une voix collective. Évidemment, moi, je suis de près les épreuves où Maurice est présent et je vibre à chaque fois qu'un compatriote entre en scène. Nos athlètes le méritent ; quelle que soit leur performance, elle est louable. D'ailleurs, l'un des aspects les plus remarquables de ces Jeux est l'harmonie entre les différentes cultures et les personnes présentes. On croise dans les rues de Paris des supporteurs du monde entier.

Problèmes relégués

Le racisme, souvent une ombre sur les grands événements, semble relégué au second plan. La France est rouge-black-blanc-beur-jaune. Il y aura toujours ceux qui diront qu'Aya Nakamura n'a pas été bien ou que Philippe Katerine n'est pas un artiste. Il y en a aussi qui trouveront à redire sur la boxeuse algérienne Imane Khelif. Des critiques, il y en aura d'autres. Mais globalement, je sens que cette tension raciale, qui était omniprésente ces derniers temps, n'est plus là. On ne parle plus de binationaux, on ne parle plus de renvoyer les étrangers chez eux. Au contraire, l'accueil est le mot d'ordre.

Cela a été aussi l'occasion de découvrir d'autres cultures au Village des Jeux. Entre la calligraphie mongole et la maison de l'Inde aux couleurs vives, c'était un moment de partage qui a ravi tous les visiteurs. Il y a d'ailleurs, rappelons-le, eu pas mal d'inquiétude par rapport à la sécurité ou le trafic chaotique, l'engorgement des transports publics. Mais c'est l'été et malgré les épisodes pluvieux, Paris invite à la marche. Ce que je trouve génial, c'est que même mes amis, qui ne sont pas du tout dans les Jeux, qui ont la tête à autre chose, se retrouvent pris par l'ambiance et la bonne humeur. Nous marchons, apprécions les mini-événements organisés un peu partout, nous nous arrêtons devant les écrans le temps d'une épreuve...

Aujourd'hui, les Jeux olympiques ont montré que la France sait encore être unie, sait encore faire la fête. En parlant à mes amis et à ma famille, j'ai compris que c'était aussi le cas à Maurice pendant les Jeux des îles en 2019. Pourvu que ça dure ici. Pourvu que cette unité ne s'effrite pas après la clôture...

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