Tanzanie: Des membres de la communauté autochtone Massaï déplacés de force

Un groupe de femmes et d’hommes massaï portant des vêtements et des bijoux traditionnels massaï près d’Endulen, dans la zone de conservation du Ngorongoro, dans la région d’Arusha, en Tanzanie, le 22 juin 2023.
communiqué de presse

Le gouvernement devrait plutôt consulter les communautés et rétablir les services sociaux dans la Zone de conservation de Ngorongoro

Le gouvernement tanzanien déplace de force des habitants autochtones massaïs de leurs foyers et de leurs terres ancestrales dans la Zone de conservation de Ngorongoro (Ngorongoro Conservation Area, NCA), a déclaré Human Rights Watch dans un rapport publié aujourd'hui. Avant de planifier ou de mettre en oeuvre de nouveaux déplacements, les autorités tanzaniennes devraient rétablir les services publics essentiels et consulter les communautés concernées pour obtenir leur consentement libre, préalable et éclairé.

Le rapport de 86 pages, intitulé « "It's Like Killing Culture" : Human Rights Impacts of Relocating Tanzania's Maasai », (« "C'est comme s'ils tuaient notre culture" : Impacts de la réinstallation des Massaïs de Tanzanie en matière de droits humains ») décrit le programme du gouvernement tanzanien qui a débuté en 2022 pour déplacer plus de 82 000 personnes de la zone NCA vers le village de Msomera, situé à une distance d'environ 600 kilomètres, afin de reconvertir leurs terres à des fins de conservation et de tourisme.

Depuis 2021, les autorités ont considérablement réduit la disponibilité et l'accessibilité des services publics essentiels, notamment les écoles et les centres de santé, dans cette région. Cette réduction des infrastructures et des services, tout comme les entraves à l'accès aux zones de pâturage et l'interdiction portant sur certaines cultures, a rendu la vie de plus en plus difficile pour les habitants, obligeant nombre d'entre eux à déménager.

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« Des Massaïs sont expulsés de force sous couvert de réinstallation prétendument volontaire », a déclaré Juliana Nnoko, chercheuse senior sur les droits fonciers auprès de la division Droits des femmes à Human Rights Watch. « Le gouvernement tanzanien devrait mettre un terme à ces réinstallations et respecter les droits des populations autochtones et des communautés rurales ; elles devraient garantir leur participation aux décisions affectant leurs droits et leurs moyens de subsistance par le biais d'une véritable consultation, d'un accès à l'information et du consentement des groupes autochtones. »

La Zone de conservation de Ngorongoro, un site classé au patrimoine mondial de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), est gérée par l'Autorité de la Zone de conservation de Ngorongoro (NCAA), une entité gouvernementale. Cette région est habitée essentiellement par des Massaïs, depuis plusieurs générations.

Le gouvernement n'a pas sollicité le consentement libre, préalable et éclairé des habitants autochtones massaïs de la région au sujet du plan de réinstallation du gouvernement, a constaté Human Rights Watch. Les habitants n'ont pas eu accès aux informations sur les questions liées au processus de réinstallation, à l'indemnisation, aux conditions de vie à Msomera et aux villageois qui s'étaient inscrits pour une réinstallation. En ne respectant pas ses obligations, le gouvernement suscite de graves inquiétudes quant aux perspectives de responsabilité, de justice et de recours requises par le droit international, régional et national.

Human Rights Watch a mené des entretiens avec près de 100 personnes entre août 2022 et décembre 2023, dont des résidents actuels de la Zone de conservation du Ngorongoro, d'anciens résidents qui vivent maintenant dans le village de Msomera, ainsi que des résidents de Msomera qui y vivaient déjà. Ces personnes ont décrit des faits constituant des violations de leurs droits à la terre, à l'éducation, à la santé et à l'indemnisation, ainsi que des attaques contre les détracteurs du processus de réinstallation.

 

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