Alors que la trêve humanitaire obtenue par les Etats-Unis, et qui n'a été que très partiellement respectée, tirait inexorablement vers sa fin, la présidence angolaise a annoncé un cessez-le-feu entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda.
Cela fait suite à la rencontre, à Luanda, entre les chefs de la diplomatie congolaise et rwandaise, le 30 juillet dernier. Cet énième cessez-le-feu qui est entré en vigueur le 4 août 2024, est censé, du moins on l'espère, déboucher sur un accord de paix durable qui signera la fin des hostilités dans l'Est de la RDC. Mais cela, à condition que les deux chefs d'Etat que sont Paul Kagamé et Félix Tshisékédi qui ne se blairent pas, acceptent de se rencontrer en vue d'aplanir les divergences qui les opposent.
Car, si jusque-là, une rencontre entre les deux dirigeants n'a pas encore été possible, c'est parce que la partie congolaise continue de poser comme préalable, le retrait des rebelles du M23 soutenus par des soldats rwandais, des positions qu'ils occupent dans la partie orientale de la RDC. Exigence à laquelle Kigali n'entend pas se plier, estimant qu'elle a le droit de se défendre. Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce cessez-le-feu est très fragile car, à la veille de son entrée en vigueur, le M23 s'est emparé de la ville de Nyamilima au Nord-Kivu.
Et comme pour ne rien arranger, les Wazalendo estiment avoir le droit d'attaquer les rebelles à partir du 4 août, sinon, ils risquent de progresser. Autant dire que rien n'est gagné d'avance. Cela dit, on peut, tout de même, saluer la diplomatie angolaise qui, face à l'animosité qui prévaut entre les voisins congolais et rwandais, ne lâche pas prise et met les bouchées doubles pour trouver une solution négociée à la crise.
Il est temps que Paul Kagamé et Félix Tshisékédi se donnent la main
Surtout que le facilitateur kényan William Ruto, lui, a été désavoué, accusé qu'il est, « d'avoir pris fait et cause pour le Rwanda ». C'est le président Tshisékedi himself qui l'a dit, décrétant du même coup, « la mort du processus de Nairobi ». C'est dire donc que, pour l'heure, l'espoir d'une sortie de crise dans l'Est de la RDC, repose sur le médiateur Jao Lourenço qui semble, jusque-là, bénéficier de l'estime de Kagamé et Tshisékédi.
Ce faisant, il devra veiller à ce que soit rigoureusement respecté le cessez-le-feu auquel se sont engagées les parties belligérantes ; d'où la nécessité d'un suivi sur le terrain. Le mécanisme ad hoc en place doit donc être renforcé afin de marquer au pas toutes les parties prenantes au conflit. C'est à ce prix que l'on pourrait aller vers un dénouement durable de la crise et espérer mettre fin à la souffrance des populations qui ne savent plus à quel saint se vouer ; traumatisées qu'elles sont par la résurgence des combats avec leurs lots de violences meurtrières.
En tout cas, on espère que la signature du cessez-le-feu entre la RDC et le Rwanda en Angola, ne sera que le début d'une étape qui conduira in fine à la désescalade entre les deux pays qui, on le sait, entretiennent des liens historiques, sociologiques et culturels. Car, comme on aime à le dire, il y a un temps pour faire la guerre, et un temps pour faire la paix. Il est donc temps que Paul et Félix se donnent la main, et cela, dans l'intérêt supérieur de leurs peuples respectifs.