Ile Maurice: La polémique emprunte les trottoirs

Le projet a été inauguré le lundi 29 juillet avec le dévoilement d'une plaque commémorative. Étaient présents : le ministre du Transport et du Métro léger, Alan Ganoo, aux côtés de la secrétaire parlementaire privée (PPS) Tania Diolle et de Rajeneedavee Mootoo-Caroopen, maire de Beau-Bassin-Rose Hill. Cependant, la cérémonie a rapidement suscité une polémique sur les réseaux sociaux, plusieurs internautes critiquant son timing et sa nature, affirmant entre autres que «ce n'est pas parce que c'est une année électorale que l'on doit inaugurer des trottoirs». De bonnes raisons de jeter la lumière sur ce qu'implique réellement ce projet et recueillir l'avis des habitants de Barkly, comme nous l'avons fait dans notre reportage réalisé vendredi.

L'atmosphère paisible et tranquille de Résidence Barkly, dans la circonscription no 20 (Beau Bassin-Rose Hill), contraste parfois avec le bruit du tram. Certes, les déviations routières dues à la construction du métro provoquent aujourd'hui encore une certaine confusion, et il faut pas mal de temps pour atteindre les lieux. Sur place, à la fin de la rue Schuman, nombreux sont les habitants à afficher en partie leur soulagement et en partie leur satisfaction depuis que la structure nouvellement inaugurée, a été mise en service cette semaine.

Auparavant, cette région de Barkly était reliée par une route principale qui permettait aux habitants de traverser facilement et de se connecter les uns aux autres. Cependant, l'arrivée du métro a divisé la zone en plusieurs parties, déconnectées. D'un côté, on trouve la rue Schuman, et un peu plus loin, de ce même côté, la rue Rose des Bois. Cependant, ces deux voies n'étaient plus directement accessibles après la construction du métro, bien qu'elles soient proches. À la demande des habitants du quartier, cette structure a finalement été construite pour relier la rue Schuman à la rue Rose des Bois. Ce passage piétonnier en béton, bien nivelé et étendu, relie désormais les deux rues et est équipé de barrières métalliques pour la sécurité. Un espace vert a également été aménagé à proximité, tout comme un système d'éclairage. Coût de ce projet : Rs 4,5 millions.

Dotée de barrières métalliques pour la sécurité, cette facilité a coûté Rs 4,5 millions.

«Nous l'utilisons maintenant comme un raccourci pour accéder à la route principale, un peu plus haut, où les bus sont accessibles pour se rendre au travail et en revenir. Avant l'arrivée du métro, il y avait un chemin qui passait à la place des rails, et les bus circulaient devant les maisons. Mais depuis la construction des rails, nous devons effectuer un détour, marcher dix ou quinze minutes pour aller de l'autre côté pour prendre le bus ou le métro», relate Anastasia, qui habite la région depuis quatre ans. «Ce passage était indispensable et les travaux se sont achevés assez rapidement. C'est un soulagement car au lieu de faire plusieurs détours, nous pouvons facilement marcher jusqu'à la rue Schuman et aller plus loin pour prendre le bus en moins de temps.»

À quelques pas, se trouve le domicile de Danielle, sexagénaire, qui y vit depuis 35 ans. Elle nous montre une photo prise de l'extérieur de la maison il y a une dizaine d'années, lorsque le quartier n'était parcouru que par une route principale à la place des rails, et que sa maison était dotée d'une vaste cour, délimitée par un mur en béton. La construction du métro a transformé le paysage de la région. «Mais le développement est également important. Je garde cette photo pour montrer à mes petits-enfants à quoi ressemblait cet endroit autrefois, pour qu'ils puissent voir des souvenirs du passé», dit-elle. Afin de réaliser le projet, «la taille de notre cour a été réduite, nous avons dû reculer le mur en béton pour laisser la place au passage. Mais cela ne me gêne pas car notre cour a suffisamment d'espace pour que mes enfants puissent y garer leur voiture, et nous avons un jardin. Grâce à ce passage, beaucoup d'habitants se sentent soulagés», confie Danielle.

«Mauvaise traduction»

Par ailleurs, de nombreux internautes ont critiqué le timing et la nature de cette inauguration, affirmant que «cela aurait dû être fait avant même la construction du métro». Ce qui a également suscité un vif émoi et des railleries, c'est ce que les internautes ont jugé être une «mauvaise traduction». Cela fait référence à un post sur la page Facebook d'Oliver Thomas, candidat indépendant de la circonscription no 20 aux législatives de 2019, qui a ensuite rejoint les rangs du MSM. Sa présence à l'inauguration du passage n'est pas passée inaperçue. Dans son post Facebook, il le décrit comme l'«Opening of pavement» pour les habitants de Barkly à côté du métro, ce qui a entraîné une confusion chez de nombreux Mauriciens.

Le post d'Oliver Thomas évoquant un «opening of pavement». Il s'est ensuite expliqué dans un autre message.

Par la suite, le jeune politicien a apporté des précisions dans une vidéo diffusée en direct sur Facebook, expliquant qu' *«il y a eu une ouverture, pas vraiment une inauguration, mais un événement qui a réuni les habitants de l'endroit (...) Après des travaux concernant le métro dans la région, il y avait deux parties du quartier qui n'étaient pas reliées. Il a donc fallu mettre en place une sorte d'allée (...)» *Olivier Thomas a également souligné l'importance de «célébrer non seulement les grandes victoires dans cette circonscription comme le pont SAJ, mais aussi les petites, car il est important de maintenir la communication et l'information».

Doriane Ramsamy, habitante du quartier, explique de son côté qu'elle fait partie de ceux qui ont collectivement réclamé la construction de cette facilité, exprimant sa satisfaction de sa réalisation et ajoutant : «J'avais également fait part de mes préoccupations concernant l'accumulation d'eau et les inondations en cas de fortes pluies, et des drains ont été construits pour y remédier. Pour aider les personnes de l'autre côté de la route à traverser, on nous a dit qu'un passage pour piétons serait mis en place dans les mois à venir», dit-elle. Un projet à venir pour lequel le budget 2024-25 a prévu un montant de Rs 25 millions, a indiqué le ministre Alan Ganoo.

Doriane Ramsamy se dit satisfaite de la réalisation de ce projet.

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