Ile Maurice: Ce que vaut ce document

L'affidavit de Vishal Shibchurn a ravivé les interrogations sur le meurtre de Soopramanien Kistnen. Ce document, juré en cour, constitue une preuve légale, mais ceux dont les noms y figurent montrent du doigt les incohérences, affirmant qu'il ne s'agit que de fabulations. Qu'en est-il réellement ?

Tout d'abord, qu'est-ce qu'un affidavit ? «C'est un document légal dans lequel une personne fait des déclarations sous serment», explique l'avoué Vijay Dwarka. Ce document est requis dans plusieurs situations. «Mentir dans un affidavit est un délit», souligne notre interlocuteur. D'ailleurs, la Courts Act stipule que jurer un faux affidavit est un délit passible d'une amende n'excédant pas Rs 10 000 et d'une peine d'emprisonnement maximale de trois ans.

Ce document est nécessaire dans diverses affaires courantes, comme les successions ou les actes notariés. «Il est également indispensable dans les affaires devant les juges en chambre. Cependant, il y a certains paramètres à respecter. Par exemple, pour les successions, il faut aussi deux témoins et les extraits de naissance», précise-t-il.

De même, les institutions bancaires exigent parfois des affidavits pour certaines démarches. Pour ce faire, les faits relatés doivent être consignés dans un document qui est ensuite certifié par un notaire avant d'être juré sous serment en cour. Sur place, un officier s'assure que la personne qui jure l'affidavit comprend bien son contenu et lui explique le document dans la langue de son choix.

Qui est responsable du contenu ? «C'est le client», affirme sans détour Vijay Dwarka. Il nuance toutefois en soulignant que l'avoué porte également une part de responsabilité, mais qu'il lui est impossible de tout vérifier. «Dans certains cas, même les journalistes ou la police n'arrivent pas à contrevérifier les faits.»

Revenons maintenant au document juré par Vishal Shibchurn. Me Sanjeev Teeluckdharry estime que le contenu d'un affidavit est suffisant pour déclencher une enquête. «Avec les éléments apportés par Vishal Shibchurn, la police a le devoir de prendre en considération ses déclarations», estime l'avocat, membre du groupe surnommé Avengers. «D'autant plus qu'il ne s'agit pas seulement du meurtre de Soopramanien Kistnen, mais aussi de celui de Manan Fakoo.»

Qu'en est-il des incohérences dans le document ? L'homme de loi préfère parler d'erreurs. «Tous les avocats du gouvernement, y compris du Premier ministre, se focalisent sur ces détails. Mais c'est le contenu qui importe», insiste-t-il.

Pour rappel, au Parlement vendredi, Pravind Jugnauth a souligné que Manan Fakoo est décédé en janvier 2021, tandis que Vishal Shibchurn affirme dans son affidavit l'avoir rencontré en janvier 2022. «Il aurait donc rencontré son fantôme», a ironisé le Premier ministre. Cette erreur dans les dates n'est toutefois pas fatale, selon Sanjeev Teeluckdharry.

D'ailleurs, sur les ondes de Radio Plus vendredi, un enregistrement d'une conversation entre Vishal Shibchurn et son fils a été diffusée, dans lequel l'accusé expliquait que le document comporte des erreurs et qu'il faudra que son avoué les corrige. «Il est tout à fait possible de le faire. Parfois, dans les affidavits, il y a des fautes de frappe ou d'autres erreurs mineures. Il est possible de les corriger par la suite. Même dans les jugements, il y a parfois des erreurs et la cour émet un addendum pour les rectifier.»

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