Alors que le monde avait les yeux sur les bonnes performances de l'équipe sud-soudanaise de basket, le Soudan du Sud attire également l'attention concernant la mode, à l'image de la Sud-Soudanaise Adut Akech, l'une des top modèles les plus prisées du moment. Pour développer cette industrie, la South Sudan Fashion Week a lieu tous les ans depuis 2019. Samedi 3 août, 10 créateurs sud-soudanais ont présenté leurs collections, et 47 mannequins hommes et femmes ont défilé. Un jalon de plus pour le développement de cette industrie encore balbutiante.
La South Sudan Fashion Week a été fondée en 2008 pour tenter de développer cette industrie localement. Interrompue par la guerre civile en 2013, elle a repris en 2019. À l'édition 2024, tandis que les dernières touches sont mises sur les tenues, les maquillages ou les coiffures, Trisha Zindia, la fondatrice de la South Sudan Fashion Week, souffle un instant.
« Il y a un changement ces dernières années, se félicite cette créatrice de 35 ans. Nous avons des mannequins qui ont commencé à défiler pour nous, et qui défilent maintenant à Milan. C'est quelque chose qui me touche beaucoup, de voir une personne qui réussit à changer la vie de sa famille, à payer l'école pour ses frères et soeurs, soutenir ses parents. »
Trisha Zindia appelle au développement d'agences de mannequinat locales, afin de « protéger les mannequins ». Elle souhaite aussi promouvoir les créateurs sud-soudanais, et cette édition de la fashion week a vu le retour en force de la diaspora : « Des designers sud-soudanais reviennent à la maison pour changer le récit sur le Soudan du Sud. »
Formé au Canada et installé au Qatar, Khmanne KunArrobb a quitté le Soudan du Sud il y a quarante ans, fuyant la guerre. Très ému d'être pour la première fois de retour sur sa terre natale, l'homme de 57 ans et fondateur de la marque S77 est convaincu du potentiel du Soudan du Sud : « Il y a tellement de mannequins sud-soudanais dans les plus grands défilés : Milan, Londres, New-York... J'aimerais que nos officiels se rendent compte de ce potentiel. Il faut que nous commencions à établir des infrastructures. »
C'est par exemple l'accès aux tissus qui pose problème pour les designers locaux, qui n'ont d'autre choix que d'aller à l'étranger pour trouver les matériaux de leurs créations.